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intermédiaires seuls ou les producteurs supportent la hausse ; les journaux..., pour les abonnés bien entendu ; les huîtres, les truffes, les fleurs artificielles et un petit nombre d’autres agrémens dont on use moins.

Le renchérissement de la vie n’atteint pas uniformément toutes les classes sociales ; les riches ont vu diminuer ou disparaître de leur budget certains chapitres qui leur étaient propres : celui des voitures, chevaux et automobiles ; ceux des domestiques et des livrées, des voyages et entretien des propriétés de luxe, des divertissemens et des fêtes. Madame ne dépense guère pour sa toilette et Monsieur ne dépense rien pour sa chasse ; ils ont supprimé tout achat de meubles et de bibelots ; or, l’ensemble de ces chapitres représente en temps normal les deux cinquièmes environ des revenus dépassant une quarantaine de mille francs. Les taxes publiques elles-mêmes, auxquelles il faut se préparer à faire dans l’avenir une grosse part, n’avaient pas augmenté jusqu’à la mise en recouvrement de l’impôt sur le revenu.

Mais si les dépenses s’étaient réduites chez les riches, cette économie avait été imposée à beaucoup d’entre eux par la suppression partielle de leurs revenus : suivant qu’ils possédaient des biens fonciers ou mobiliers, des terres ou des usines dans le Midi ou dans le Nord, des fonds d’Etat ou des valeurs industrielles ; suivant qu’ils vivaient d’honoraires ou d’appointemens fixes ; suivant le lieu et la source de leurs recettes, les riches, ou soi-disant tels, ont très diversement porté le poids de la guerre ; il n’en est pas, j’imagine, qui n’aient ressenti ses effets dans leur situation matérielle, et il en est qui sont réduits au quart ou au tiers de ce qu’ils encaissaient naguère.

La cherté de la vie porte surtout sur les dépenses de première nécessité, et on doit reconnaître qu’elles tiennent dans les petits budgets une place tout particulièrement importante. La nourriture, par exemple, représente, dans le total de nos débours annuels, une part extrêmement variable, suivant le chiffre des fortunes : une famille composée de quatre personnes consacre à sa table 60 pour 100 d’un revenu annuel de 2 500 francs, 40 pour 100 d’un revenu de 5 000 francs, 25 pour 100 d’un revenu de 20 000 francs et 15 pour 100 seulement d’un revenu de 60 000 francs, bien qu’en ce dernier cas l’effectif des commensaux soit doublé de quatre ou cinq domestiques..