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LA VIE CHÈRE

I
EN FRANCE

Au lieu de travailler pour vivre, l’Europe, de par la volonté de l’Allemagne, est forcée de travailler pour tuer. Les Austro-Allemands ayant résolu de tuer pour dominer, les Alliés en sont réduits à tuer pour ne pas mourir, comme peuples, ou, ce qui revient au même, pour ne pas servir. L’Europe, depuis vingt mois, détruit donc au lieu de créer ; elle produit surtout des engins de mort et fort peu de marchandises nécessaires ou utiles à la vie ; il devait arriver très vite que ces marchandises se raréfient et renchérissent.

Celles du moins que la plupart d’entre nous prétendent consommer en quantité égale ou supérieure. Car il est des denrées dont la rareté n’a nullement ralenti la demande, parce qu’elle n’en a pas réduit le besoin.


I

Toutes les dépenses n’ont pas augmenté ; le logement, par exemple, même pour les locataires exemplaires qui continuent de payer leur loyer ; les frais de poste, pour les personnes qui affranchissent leurs lettres ; les tarifs des chemins de fer ; l’éducation des enfans ; les places dans les théâtres ; le gaz et l’électricité..., pour les consommateurs s’entend, parce que les