transport par mer ; le fret pour la Méditerranée est si élevé que certaines usines de Marseille trouvaient profit à faire venir la houille jusque de Dunkerque par chemin de fer à travers toute la France.
La crise du papier est aussi une crise de fret, puisque la pâte vient de Suède et Norvège, et une crise de charbon, puisqu’il faut 150 kilos de charbon pour faire 100 kilos de papier. La papeterie française, qui faisait normalement plus de 2 000 tonnes de papier par jour, consommait donc onze cent mille tonnes de charbon par an. Pour la fourniture de ce charbon, qui valait alors 17 francs, elle avait, comme toutes les industries, des marchés avec les mines qui, du fait de la guerre, furent anéantis ; elle en passa plus tard de nouveaux à des prix supérieurs, qui ne furent pas tenus davantage.
On sait que la matière essentielle de la grande majorité des papiers est l’épicéa scandinave, tantôt râpé, moulu, réduit en poudre, — pâte mécanique, — tantôt mis en copeaux, dissous dans un bain de bisulfite où les fibres du bois se séparent des matières incrustantes, — pâte chimique. — La seconde coûte le double de la première et on les marie à doses variées dans la plupart des papiers, suivant qualité. On pourrait faire du papier avec d’autres essences, on l’a essayé, mais il ne vaut rien. Il a été dit à la Chambre que la France, possédant 650 000 hectares de pins de diverses espèces, devrait tirer de son propre sol les élémens de son papier, sans recourir au dehors ; seulement, on ne prenait pas garde que, de toutes les familles de résineux, l’épicéa, dont nous ne possédons peut-être pas plus de 50 000 hectares, est le seul propre à se transformer en papier, parce qu’il ne contient presque pas de résine ; s’il fallait désincruster de sa gomme la fibre du pin sylvestre, les frais seraient exorbitans.
La question du prix de revient domine cette industrie comme toute autre ; c’est ainsi que la hausse des charbons et le transport des bois, très onéreux dans la Baltique, ont fait renoncer nos usines à fabriquer elles-mêmes les pâtes qui, au début, avaient peu augmenté en Scandinavie. Nous-mêmes possédions des stocks, sur lesquels nous avons vécu pendant les six premiers mois de guerre. Le papier de journal valait, en