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complications, ces rappels d’atrocités que je te ferai oublier ? Car tu les oublieras sur mon cœur. Tu la retrouveras, ton âme, légère, sous mes baisers. Je t’aimerai tant, si follement, si tendrement, que tu ne sentiras plus que moi, que tu ne penseras plus qu’à moi. Mais il faut que je te revoie, pour chasser ces affreux fantômes, et seul, et bien vite. Cet après-midi, veux-tu, chez moi ? Ta consultation est à trois heures. Après, tu n’as pas d’autre rendez-vous ?

VAUCROIX.

Je n’en ai pas.

JULIE.

Alors, je t’attendrai à quatre heures. Je saurai tout de suite ce que Louvet aura dit. Tu sais, le petit point, c’était pour rire. A quatre heures, chez moi, tu promets ?

VAUCROIX.

Oui.

JULIE, l’embrassant.

Ah ! merci. Que je suis heureuse ! Je t’aime, vois-tu ! Ah ! que je t’aime !... Mais je veux de toi une autre promesse.

VAUCROIX.

Que vas-tu encore me demander ?

JULIE.

Rien que de très simple. Que tu viennes chez nous, à Biarritz. Bernardine et les enfans aussi, bien entendu. C’est arrangé avec mon mari. Nous serons si libres ! Ludovic ne sort pas de l’hôpital. C’est un remords pour lui d’être réformé. Il ne se pardonne qu’en s’écrasant de besogne. Moi, je prolongerai mon congé. Nous passerons le printemps dans ce divin pays, comme il y a trois ans, quand nous avons commencé à nous aimer. Toutes nos anciennes heures se lèveront sur nos anciens chemins. Et tu guériras, de tout, de ta poitrine (Elle lui touche la poitrine) et de ta tête. (Elle lui touche le front. Il veut parler.) Ne discute pas. Je te le défends. Dis que tu promets aussi.

VAUCROIX.

Et Bernardine ?