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VAUCROIX.

Il n’y a qu’un malheur, ma chère amie, c’est que nous n’allons plus à Biarritz. Bernardine allait vous l’écrire.

JULIE.

Vous n’allez plus à Biarritz ? Mais comment ? Mais pourquoi ?

VAUCROIX.

C’est très simple. Le docteur Louvet est arrivé juste comme vous sortiez tout à l’heure. Il avait une visite à faire dans le quartier. Il est monté chez nous, à tout hasard. L’heure qu’il avait fixée lui-même pour cet après-midi se trouvait le gêner. Il m’a examiné. Je n’ai besoin, en effet, que de soleil et d’air marin. Mais il prétend que la côte basque serait trop âpre pour mon état actuel, la brise de l’Atlantique trop éprouvante. Bref, il m’expédie à Cannes, tout tranquillement.

JULIE.

Ah !… Et vous partez, quand ?

VAUCROIX.

Le plus tôt possible, conseille-t-il, à cause de ce temps de neige ici. Nous avons décidé de prendre bravement le rapide de huit heures avec les enfans. Je n’ai pas beaucoup de temps pour mes préparatifs. Mais, après quatorze mois d’Allemagne, on n’est pas difficile.

JULIE.

Alors, vous allez m’en vouloir de vous avoir volé ces quelques minutes. Je vous quitte. Bon voyage. Adieu, ma chérie. (Elle va pour embrasser Bernardine qui se laisse embrasser avec un frémissement.)

BERNARDINE.

Au revoir.

JULIE.

Vaucroix, voulez-vous m’aider à mettre mon manteau ?

VAUCROIX.

Excusez-moi. (il va prendre le manteau que Julie a posé sur un fauteuil près de la porte, et commence à l’aider. Bernardine a marché jusqu’à la cheminée que surmonte une glace. Elle leur tourne le dos et chauffe ses mains à la flamme, en les épiant anxieusement dans cette glace.)