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I. — LES RAISONS

L’Allemagne est bien loin d’avoir eu, au cours des âges, le monopole des foires. En Russie, par exemple, cette institution [1] semble remonter aux temps les plus reculés. L’absence de bonnes voies de communication, la longue congélation des rivières, la pauvre densité de la population, le manque de capitaux et de crédit, ont longtemps favorisé ce mode d’échange qui, en Russie comme ailleurs, fut atteint et réduit par l’extension des voies ferrées, des postes, de la banque et de la commission. En 1894, les Foires russes, au nombre de 16 604, transportent et vendent pour 1 061 000 000 de roubles de marchandises ; assemblées agricoles, en général nombreuses, mais rarement importantes.

Plus célèbre que les autres, trait d’union traditionnel entre l’Europe et l’Asie, la foire de Nijni-Novgorod intéresse le monde entier ; elle a lieu du 15 juillet au 10 septembre. Les transactions, qui ont diminué, y atteignent encore 172 000 000 de roubles en marchandises apportées et 161 900 000 de roubles en marchandises vendues (chiffres de 1899). On y trouve les articles de coton, la laine, les peaux, les fourrures, les cuirs tannés, le fer, le cuivre et les autres métaux, la droguerie, l’épicerie, le tabac, les confections. Aux confins de la Russie, la foire d’Irbit, dans le gouvernement de Perm, se tient du 1er février au 1er mars ; elle existe depuis les premières années du XVIIe siècle. Ici, la Sibérie s’approvisionne de fils et de tissus, d’articles de toilette, de mercerie et d’épicerie ; elle apporte ses produits, fourrures, soies de porcs, crins, miel, cire, beurre. Irbit reçoit les marchandises de Chine et d’Asie centrale : thé, laine de chameaux, etc. Depuis 1885, c’est-à-dire depuis l’exploitation du chemin de fer de l’Oural, qui fait communiquer la Sibérie et la Russie d’Europe, de Tumen à Perm, Irbit, suivant une loi que nous allons voir constamment s’appliquer, a perdu de l’importance [2].

  1. Voyez La Russie à la fin du XIXe siècle, sous la direction de M. de Kovalevsky, Paris, Guillaumin, 1900, pp. 646 et suiv. — Voyez aussi Le Dictionnaire du Commerce de MM. Yves Guyot et Raffalovich, Paris, Guillaumin, t. II, article Nijni-Novgorod ; — The Russian year-book for 1911, compiled by Howard P. Kennard, London, Eyre and Spottiswoode ; — The Russian year-book for 1912, ibid. ; — Bulletin de la Chambre de commerce russe de Paris.
  2. En 1914, les transactions représentent 18 918 000 roubles. A la suite de la loi du 9 juin 1912 interdisant la chasse aux zibelines, il est importé 5 000 peaux contre 11 000 l’année précédente. (Bull. Ch. Comm. russe, juillet 1914.)