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Cependant, la guerre sous-marine a pris la première place. Elle reste seule permise à la Puissance qui a perdu la maîtrise de la mer. Grâce à la longue durée des hostilités, elle atteint un développement qui n’a plus rien de comparable avec les premiers essais du début. Deux traits sont nouveaux : la prétention, encore insolente, mais rigoureusement soutenue, de bloquer les Iles Britanniques ; l’envoi de sous-marins allemands en Méditerranée.

L’Allemagne, en juillet 1914, possédait 27 unités submersibles en service et environ 11 en construction, dont 5 pour l’Autriche. Elle en retint 5 autres, en achèvement pour des neutres. Total 43. L’Autriche, dans ses arsenaux, avait 6 sous-marins et en construisait 5 autres. De ces 54 bâtimens, petits pour la plupart, beaucoup ont été détruits. Mais 20 nouveaux, mis en chantier depuis la guerre, sont armés déjà depuis longtemps, et 40 autres, qui leur ont succédé, commencent à sortir.

Ces derniers, grâce à leur déplacement plus considérable, ont un plus grand rayon d’action que leurs prédécesseurs. Ils peuvent emporter plus de vivres et de munitions et naviguer au moins vingt-quatre heures sans reprendre de combustible. Leur présence modifie singulièrement la lutte navale. Ils sont libres d’opérer au large et d’y porter la guerre sous-marine au commerce, jusqu’ici confinée à proximité des côtes et des bases maritimes. Moins fréquemment obligés de venir paraître en Surface pour recharger leurs accumulateurs ou se ravitailler, ils échappent mieux à la surveillance de nos patrouilles. La tâche de la défense en est rendue plus difficile.

Nous savons qu’on n’a point attendu 1916 pour prendre les mesures défensives qui s’imposaient. La multiplication des chalutiers, remorqueurs, yachts armés en guerre, torpilleurs et destroyers a permis des services de recherche qui font courir au sous-marin de graves dangers. S’il paraît en surface sous le canon d’un patrouilleur, il risque de recevoir en quelques instans un coup mortel.

Mais des méthodes plus perfectionnées ont été mises en œuvre. Les unes font appel à un matériel de dragage ou à des filets fixes ; les autres reposent sur l’observation des vagues particulières soulevées par le passage d’un sous-marin immergé. En étudiant attentivement la surface de l’eau, on voit s’y propager une onde rectiligne qui accompagne l’ennemi invisible.