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Elle est produite par le sillage de son kiosque et par celui de ses hélices. On a donc chargé quelques bâtimens extrêmement rapides de signaler ces faibles indices, dès qu’ils se manifestent. Le déplacement du flot révélateur marque la route suivie par le sous-marin ; l’estafette l’y précède et va faire tendre, en travers de son chemin, de ces filets tenus par une couple de remorqueurs, qui les referment sur l’ennemi aussitôt qu’il a donné dedans. On le pêche comme un gros poisson.

Ailleurs, dans les passes, aux approches des rades à défendre, on pose des filets fixes, des câbles suspendus et destinés à se prendre dans les hélices d’autres engins encore pour la destruction ou la capture des sous-marins. Toute une technique nouvelle vient de naître et va se perfectionnant de jour en jour.

Un emploi du sous-marin mérite attention, celui de poseur de mines. Envisagé avant la guerre, mais non point mis en pratique, il n’a commencé à donner des résultats qu’après une première période d’hostilités, où l’on s’en tenait aux méthodes coutumières. Partout où la surface est interdite aux mouilleurs de mines ordinaires, on est amené à les suppléer par le sous-marin. Pour les Allemands cela s’étend donc à la surface entière des mers, pour leurs adversaires à des zones plus ou moins vastes le long des côtes germaniques ou dans certaines parties des mers voisines. Le sous-marin ne peut porter qu’un petit nombre de mines. On n’arrivera donc à des effets considérables qu’avec la multiplication des unités de flottille.

La marine allemande paraît posséder deux modèles différons. Dans l’un, les mines sont extérieures à la coque du sous-marin ; elles reposent en permanence dans des enfoncemens spéciaux, où elles sont suspendues à un crochet en relation avec l’intérieur du bateau par une tige qui peut le faire basculer. On peut libérer les torpilles à volonté, en manœuvrant cette tige.

Dans l’autre modèle, le submersible contient un compartiment qui peut communiquer avec la mer au moyen d’une large porte. En temps ordinaire, ce compartiment est clos, et ne renferme pas d’eau. Les mines y sont accrochées à un rail de lancement. Il s’ouvre dans l’intérieur du sous-marin par un couloir à écluse, par où s’introduit un scaphandrier. Celui-ci laisse alors entrer l’eau, fait glisser les mines au dehors, referme la porte, et l’on vide à nouveau le compartiment.