Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/908

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du livre allemand. On comprendra qu’il nous soit impossible de les résumer ici. Par l’abondance même et la précision des détails, elles échappent à l’analyse. Il faut les lire dans le texte original. C’est rapprochées du plaidoyer allemand qu’elles prennent toute leur valeur. On apprécie alors comme elle le doit être la vigueur de cette réfutation qui ne laisse place à aucun doute. On se rend compte aussi des raisons qui expliquent l’acharnement du bourreau contre sa victime. Proprium est generis humani odisse quem læseris. Ce mot de Tacite devrait servir d’épigraphe au Livre Blanc.

Mais le Livre gris belge ne se borne pas à discuter méthodiquement et sans passion les questions de fait et de droit, nombreuses et complexes, soulevées par les accusations allemandes ; il a fait aussi œuvre de démonstration positive, en procédant a une minutieuse reconstitution des événemens. Les relations qu’à son tour il en donne, avec pièces justificatives à l’appui, forment une série d’exposés historiques dont la persuasive sincérité et l’extrême précision s’imposent à tout esprit droit. Ce sont elles qui font surtout l’objet de la troisième partie. Nous nous y attacherons de préférence. Ce ne sont ici que des faits et des chiffres, — mais dont rien ne saurait dépasser l’éloquence.


I

Le Gouvernement belge annonce l’intention d’instituer lui-même, dès la libération du territoire, une enquête internationale. Il en souhaite le contrôle aussi ardemment que l’Allemagne le redoute. Mais les hommes exempts de prévention et désireux de juger en toute impartialité ne sont pas réduits à attendre jusque là pour se former une conviction sur les drames dont la Belgique a été le théâtre en août et septembre 1914. Quand, réprimant son émotion, on s’est penché sur ces puits d’horreurs et que l’on compare, avec le spectacle des forfaits qu’on y découvre, les relations fausses ou incomplètes qu’en donne le Livre Blanc, on reste positivement stupéfait de la mauvaise foi, — c’est le seul mot qu’on puisse employer, — avec laquelle la publication allemande a été composée.

Les communes ou sections de communes dont s’occupe le Livre Blanc ne sont qu’au nombre de 75. Or, en fait, le