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quand je voudrai. Le Prince a mis de la bonne grâce à me prier de ne pas me presser... L’angoisse la plus vive de la Reine au milieu des tortures de son agonie était son anxiété sur le sort de son fils, ses craintes pour lui, l’isolement où elle le laisse, sans appui, sans amis, sans lieu de refuge et presque sans fortune ! Que deviendra-t-il ?...


Vendredi 7 octobre.

... Notre prince est en tout digne de sa mère. J’aurai mille choses à t’en conter qui sont au-dessus de tous les éloges. Le pauvre Conneau remplit en ce moment le plus pénible de tous les devoirs et, en voyant les dégâts faits par la maladie, il s’étonne que la Reine ait pu vivre et souffrir aussi peu. On a écrit à Paris pour demander à la porter à Rueil, et je crois que personne ne partira avant la réponse. Je voudrais, lorsqu’elle sera arrivée, partir tout de suite pour me trouver à Rueil pour la cérémonie. Devant aller à Paris cet hiver, cela me semble convenable et me satisferait. Ce serait donc avant que j’irai te faire une petite visite d’adieu en te contant ce que la Reine a fait pour Elisa et pour moi.


Dimanche 8 octobre.

Tout est fini, et cette interruption de quatre jours a été remplie par les émotions les plus déchirantes. Comment peindre une pareille douleur et de pareils momens ? Pendant cette journée du mercredi 4, la Reine ne paraissait pas plus mal que les jours précédons et, pourtant, la pensée de la mort était dans tous les esprits. Cette pauvre Reine a conservé ses goûts et ses habitudes de caractère jusqu’au bout. M. Cottrau lui a fait un grand plaisir en ayant l’idée de faire apporter devant elle le tableau du petit Samuel, de la Chapelle. Je crois qu’en parlant de cet enfant, qui prie, elle pensait à celui qu’elle a perdu en Hollande. Elle a aussi parlé de son fils Napoléon plusieurs fois : « Que fera-t-il avec ses Suisses ? » disait-elle. J’ai cette consolation de me dire que je l’ai quittée le moins que j’ai pu et que je lui ai prodigué les soins les plus pénibles. Elle souffrait tellement que l’on ne pouvait plus la toucher. A la chute du jour, le Prince et M. Conneau ont décidé de faire entrer M, Kissel. Je lui ai dit que Mme de Grenay étaient venues la voir pendant