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vigueur contenue : tous les signes réunis de l’impartialité la plus vigilante. Mais quel accent de vérité et quelle force ramassée dans cette concision ! Quelle inflexible détermination dans la revendication de la vérité contre les artifices de la mauvaise foi allemande ! Surtout quelle hardiesse apostolique dans la dénonciation de la calomnie à la face même de l’oppresseur omnipotent qui l’exploite ! Quand on songe que cet acte d’accusation formidable contre l’armée allemande a été dressé en dépit des rigueurs du régime d’occupation, puis ouvertement et tranquillement envoyé au gouverneur allemand (6 novembre 1915), au Saint-Père (7 novembre 1915) et aux représentans des pays neutres en Belgique, on ne peut réprimer un frémissement d’admiration. L’esprit se reporte aux plus nobles exemples de courage et d’indépendance que nous présente l’histoire de l’Eglise persécutée.


Ainsi que je l’ai fait savoir à Votre Excellence, écrit Mgr Heylen, par message verbal, je ne puis ni ne veux demeurer insensible ou indifférent quand je vois formuler officiellement contre les prêtres et les fidèles de mon diocèse des accusations que j’estime dénuées de tout fondement et attentatoires à leur honneur.

Cette altitude et ces sentimens, je les ai déjà manifestés à Votre Excellence dans ma note du 10 avril 1915. C’était à propos d’une dépêche du ministre de la Guerre de Prusse au chancelier de l’Empire, dépêche dont j’ai eu connaissance par la presse hollandaise et qui contenait, à notre sujet, des accusations graves, quoique encore bien faibles en comparaison de celles du Livre Blanc.

Rien d’étonnant si, aujourd’hui, je me sens pressé par un devoir grave de conscience de renouveler ma protestation auprès de l’autorité occupante et, à cette fin, de lui adresser un exposé qui rétablit, pour chacun des faits repris au Livre Blanc, ce que j’affirme être la vérité historique.

Je tiens à le déclarer, en aucun passage de ma réponse, je n’ai été jusqu’au bout de ma pensée, m’appliquant à retenir les sentimens d’étonnement, ou mieux d’indignation, que me causaient, à chaque page, les affirmations de la publication allemande.

Nonobstant, Votre Excellence relèvera peut-être, dans mon travail, certaines expressions empreintes de sévérité, voire de dureté.

S’il en est ainsi, je n’hésite pas à demander à Votre Excellence de mettre en regard de ces expressions les termes autrement durs du Livre Blanc, comme aussi de songer à la douleur qui m’étreint devant la persistance de la calomnie. Et cette double considération lui rendra mon langage bien explicable.

Nous est-il permis de nourrir l’espoir que notre intervention épiscopale amènera le gouvernement allemand à examiner de plus près et impartialement les faits reprochés à ses armées ? S’il s’y décide, il reconnaîtra