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publiés un jour avec toutes les circonstances de lieux et de noms, tant d’officiers allemands que de civils et dont nous attestons l’authenticité. »

Il conclut en ces termes catégoriques :


La légende des francs-tireurs belges repose sur une simple affirmation de l’armée allemande, affirmation qu’elle est dans l’absolue impossibilité de prouver.

Ce qui revient à dire que la conduite des armées allemandes, en nos régions, a été une série d’actes injustifiés et inhumains à l’égard de populations innocentes.


La protestation de Mgr Rutten, évêque de Liège, pour être plus courte, n’est pas moins vigoureuse et précise.

En ce qui concerne son diocèse (province de Liège et du Limbourg), il affirme :


1° Que la guerre de francs-tireurs est une légende imaginée et systématiquement propagée par les troupes allemandes dès leur entrée en Belgique ;

2° Que les troupes allemandes ont incendié des milliers de maisons sans aucune nécessité militaire ;

3° Qu’elles ont fusillé des centaines de civils parmi lesquels des vieillards, des femmes et des enfans, sans enquête ni jugement préalable et, en tout cas, sans qu’on ait établi leur culpabilité ;

4° Que la ville de Hervé a été incendiée ; que celle de Visé a été rasée ; que plus de soixante-dix localités ont été pillées, brûlées et détruites, en tout ou en partie, sur l’accusation stéréotypée, mais non démontrée : Man hat geschossen !

5° Que des milliers de civils inoffensifs ont été arrêtés et conduits comme prisonniers en Allemagne ;

6° Que dans le diocèse de Liège six prêtres sont morts, fusillés ; que deux prêtres sont morts à la suite des mauvais traitemens dont ils avaient été l’objet ; que plusieurs autres n’ont échappé à la mort que par la fuite, ou ont été victimes de brutalités indignes, tandis que, pour aucun d’entre eux, on n’a prouvé le moindre méfait contre les Allemands ;

7° Que plusieurs églises ont été dévastées et détruites, que des presbytères ont été pillés et incendiés, des quantités de prêtres arrêtés comme otages, sous des prétextes divers, mais toujours dénués de fondement ;

8° Que, dans certains cas, on a forcé des prêtres et des civils à rester auprès des batteries allemandes en lutte avec celles des forts ou à marcher en tête des troupes pour leur servir de rempart contre les balles ennemies.

Tous ces faits et d’autres encore, nous les prouverons de la façon la plus péremptoire, le jour où le Gouvernement allemand consentira à ce que l’on fasse une enquête impartiale et approfondie.

Quant à celle qui a été faite par l’autorité militaire allemande et dont le Livre Blanc nous apporte les résultats, nous lui dénions toute valeur, car