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elle ne s’est entourée d’aucune garantie d’impartialité et nous sommes à même d’établir, pour ce qui concerne le diocèse de Liège, l’inexactitude et même l’évidente fausseté des accusations.


Le vénérable évêque se borne pour le moment à citer quelques exemples à l’appui de sa protestation. Il la termine en écrivant ces lignes émouvantes :


Nous répétons que la justice exige que nous puissions nous défendre et que l’honneur même de l’Allemagne y est intéressé.

Quelle que soit l’issue de l’horrible guerre qui couvre l’Europe de ruines et de cadavres, la réputation de l’Allemagne n’en sortira pas intacte, si elle refuse l’enquête demandée.

Victorieuse, elle aura la honte d’avoir calomnié ou laissé calomnier la Belgique innocente, après l’avoir écrasée ; vaincue, elle n’aura même pas la consolation de se dire, avec François Ier : « Tout est perdu, fors l’honneur. »


Nous arrêtons notre analyse sur ce verdict.

Quand on a achevé la lecture de ces documens inédits et que la conviction pénétrante qui s’en dégage est venue renforcer la démonstration lumineuse jaillie de toutes les autres pièces du dossier belge, on ne peut plus qu’adhérer sans réserve à la conclusion officielle des deux ministres qui ont contresigné le troisième Livre Gris belge :

« Fort de son bon droit et de la loyauté scrupuleuse dont les membres de la Commission d’Enquête qu’il a instituée se sont fait une loi intangible, le Gouvernement du Roi attend avec confiance le verdict de la conscience universelle.

« Déjà la justice commence à luire. La pénurie et l’insuffisance des preuves allemandes ont déjà frappé tous les bons esprits. ; L’abondance et la pertinence des preuves belges achèveront de les convaincre. Ils comprendront et partageront le sentiment qu’en toute sincérité, devant Dieu et devant les hommes, le Gouvernement belge n’hésite pas à exprimer sur la conduite du Gouvernement impérial vis-à-vis de la Nation belge : celui-là est deux fois coupable qui, après avoir violé le droit d’autrui, tente encore, avec une singulière audace, de se justifier en imputant à sa victime des fautes qu’elle n’a jamais commises. »


FERNAND PASSELECQ.