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ce qui révèle un des cas dans lesquels, suivant une juste remarque, la République américaine ressemble plus à la monarchie anglaise du temps des Georges qu’à une démocratie moderne ; vers la fin de cette proclamation, M. Wilson avait dit : « Et, par la présente, je préviens tous les citoyens des États-Unis, de même que toutes personnes habitant ou se trouvant sur leur territoire ou sous leur juridiction... que, si toutes personnes peuvent légalement, et sans restriction vu l’état de guerre, fabriquer et vendre, à l’intérieur des États-Unis, des armes et des munitions de guerre, ainsi que d’autres articles appelés communément « contrebande de guerre, » cependant toutes personnes ne peuvent transporter de tels objets à travers les mers pour l’usage ou pour le service d’un belligérant, pas plus qu’elles ne peuvent transporter des soldats et des officiers d’un belligérant, ou essayer de forcer un blocus légalement établi et maintenu pendant la guerre, sans encourir le risque d’une capture par l’ennemi et les pénalités énoncées par le droit des gens à cet égard. »

La règle étant ainsi pleinement et sûrement posée, une circulaire du département d’État ou ministère des Affaires étrangères, du 15 octobre suivant, en donnait ce commentaire que nous résumons : « La vente à un belligérant faite par le gouvernement des États-Unis lui-même constitue un acte contraire à la neutralité ; mais la vente à un belligérant de quelque produit des États-Unis, faite par un simple particulier, n’est ni illicite, ni contraire à la neutralité, et l’Exécutif n’a pas, à l’intérieur du territoire, le pouvoir d’empêcher ou de contrôler un pareil acte... L’obligation d’empêcher ces articles de parvenir à leur destination incombe à l’ennemi, et non pas à la nation dont font partie les citoyens vendeurs. Si l’ennemi de la nation qui a acheté les articles de contrebande est incapable de s’opposer à l’arrivée à destination de ces articles, cela est pour lui un des malheurs de la guerre ; cette incapacité n’impose, en aucune manière, au gouvernement neutre, l’obligation d’empêcher la vente. » Aussi, lorsque, le 8 janvier 1915, le sénateur Stone, président du Comité des Affaires étrangères, eut transmis au secrétaire d’État, alors M. William Jennings Bryan, la liste des vingt griefs qu’avaient articulés auprès de lui « beaucoup de personnes sympathiques à l’Allemagne et à l’Autriche, » M. Bryan ne se donna que douze jours de répit, et répliqua, article par article, le 20 janvier : 9° Sur ce que les États-Unis n’ont pas empêché la vente à la Grande-Bretagne et à ses Alliés des armes, munitions de guerre, chevaux, uniformes et autres munitions de guerre, quoique de telles ventes prolongent le conflit : « Il n’est pas dans le