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pouvoir de l’Exécutif d’empêcher la vente des munitions de guerre aux belligérans. » En somme, le gouvernement impérial allemand lui-même avait acquiescé à cette doctrine. Son mémorandum du 15 décembre précédent ne disait-il pas que « d’après les principes généraux du droit international, on ne peut blâmer les États neutres de laisser le matériel de guerre aller aux ennemis de l’Allemagne du territoire neutre ou à travers ce territoire, » et que les adversaires de l’Allemagne dans la présente guerre étaient, dans l’opinion du gouvernement impérial, autorisés à » tirer des États-Unis de la contrebande de guerre et spécialement des armes pour une valeur de billions de marks. » Et plus loin, sur le vingtième chef, Attitude inamicale générale du gouvernement envers l’Allemagne et l’Autriche, le secrétaire d’État proposait cette explication qui n’a pas dû plaire à tout le monde : « Si quelques citoyens américains, partisans de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, estiment que l’administration a agi d’une manière injuste pour la cause de ces pays, ce sentiment vient de ce fait que sur la haute mer le pouvoir naval de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie a été jusqu’ici inférieur à celui de la Grande-Bretagne. » Nous n’ajouterons rien, qu’une simple remarque : la date de ces documens (janvier 1915) n’indiquerait-elle pas que l’Allemagne, en son machiavélisme grossier, préparait dès lors « moralement » sa campagne de sous-marins, qui devait s’ouvrir en février ?

De même, pour la question des navires armés. Elle a été réglée par une autre circulaire du département d’État (19 septembre 1914), aux termes de laquelle, selon le gouvernement des États-Unis : 1° un vaisseau marchand de nationalité belligérante peut avoir un armement et des munitions de guerre dans le seul dessein de se défendre, sans acquérir le caractère de navire de guerre : 2° la présence d’un armement et de munitions de guerre à bord d’un vaisseau marchand crée bien une présomption que l’armement est pour des buts inoffensifs ; mais les propriétaires ou agens peuvent détruire cette présomption par un témoignage démontrant que le vaisseau portait un armement seulement pour sa défense. Ce sont autant de « symptômes » du caractère défensif de l’armement, et par suite de la persistance du caractère de navire marchand, que les canons soient de petit calibre, qu’ils soient en petit nombre, qu’il n’y en ait pas à l’avant, qu’il y ait peu de munitions, que le bâtiment soit monté par son équipage habituel, qu’il suive sa route habituelle, que sa vitesse soit faible, qu’il n’ait embarqué que le charbon et les provisions strictement nécessaires, qu’il ne transporte que des marchandises