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millions en 1914, de 1900 millions en 1915, de 2 600 millions pour l’année en cours. En admettant que notre train de maison normal fût de 500 millions par mois, on voit que la guerre y ajoute en ce moment plus de 2 milliards.

Après avoir dressé le tableau des dépenses, il convient de rechercher quelle a été la marche des recettes. Les contributions directes et taxes assimilées ont, à l’heure présente, fourni, sur l’exercice 1915, près d’un milliard, soit 15 pour 100 de moins que la somme portée aux rôles. Les contributions indirectes sont en plus-value. Néanmoins, les unes et les autres représentent peu de chose en face des sommes que le Trésor doit payer chaque jour, et c’est à l’emprunt, sous toutes ses formes, que la France, comme les autres belligérans, doit demander des ressources extraordinaires. Celles-ci ont été fournies par les Bons de la Défense nationale, dont le chiffre a passé, au cours des quatre premiers mois de 1916, de 1 à 10 milliards de francs ; par le solde d’un milliard environ encaissé sur l’emprunt franco-anglais émis aux Etats-Unis, l’automne dernier ; par les derniers versemens de l’emprunt national 5 pour 100 émis en vertu de la loi du 16 novembre 1915, qui se sont élevés, eux aussi, à près d’un milliard ; par la Banque de France, qui a porté ses avances, durant les quatre premiers mois, de 5 à 7 milliards. De ces quatre chefs, il est entré 6 milliards dans les caisses du Trésor, qui, au cours de la même période de quatre mois, a eu à faire face aux avances de 158 millions consenties à nos Alliés, sans compter les prêts accordés à la Russie sous forme de bons escomptés par la Banque de France.

Il est évident qu’un nouvel emprunt en rentes consolidées devra être émis avant la fin de l’année. En attendant, c’est à la Dette flottante, et particulièrement à la Banque de France, que le Trésor s’adresse. Il en résulte une augmentation notable dans le chiffre des billets de cet établissement. Il est bon toutefois de rappeler que l’accroissement de la circulation n’a été en France, depuis le début de la guerre, que de 113, alors qu’il a été de 320 pour 100 en Allemagne, et que notre encaisse or a augmenté de 600 millions, en dépit du milliard de métal jaune que nous avons expédié à l’étranger. Il y a longtemps qu’on a remarqué l’abus fait par nos compatriotes, dans le règlement de leurs transactions, de la monnaie métallique ou fiduciaire,