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LETTRES D’ANGLETERRE

II[1]
IMPRESSIONS D’OXFORD ET DE CAMBRIDGE


MONSIEUR LE DIRECTEUR,

Chaque année, — vous souvient-il de ce détail de la vie universitaire d’Oxford ? — chaque année, au 1er mai, sur la tour de Magdalen Collège, la maîtrise de la chapelle, une des plus célèbres qu’il y ait en Angleterre, monte, et ses chants s’envolent dans l’air limpide du matin. Cette année, comme tous les ans, dans le traditionnel Oxford, le chœur de Magdalen est monté, le 1er mai, au sommet de la tour aérienne ; mais l’hymne cette fois s’est envolé au-dessus d’une ville changée, dépeuplée par la guerre. Et pareillement, comme aux soirs d’autrefois, la grosse cloche de Christ Church, — Tom, comme l’appelle depuis bien des siècles la familiarité respectueuse des étudians d’Oxford, — fait résonner chaque soir à neuf heures les cent un coups de son battant sonore. Mais c’est sur une cité vide d’étudians que tombent, lentes et graves, les notes du couvre-feu. La guerre a transformé profondément la vieille ville universitaire : et pareillement elle a transformé toutes les universités d’Angleterre, aussi bien celles qu’illustre, comme Oxford ou Cambridge, un vénérable et glorieux passé, que leurs sœurs plus jeunes, Londres ou Manchester, ou que les dernières venues, Leeds ou Sheffield, aussi bien les universités

  1. Voyez la Revue du 1er avril.