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CHOSES D’ESPAGNE

II[1]


IV

Notre histoire et celle de l’Espagne forment un corps de doctrine sur les rapports du droit et de la force. Rappeler ce corps de doctrine, clair, ancien, constant, nous paraissait le plus sûr moyen de maintenir l’Espagne en concorde avec nous et en fidélité avec elle-même.

Dans l’irritante formule : la force est le droit, tout n’est pas faux. Il y a entre l’énergie physique des hommes une inégalité native qui donne aux mieux pourvus un avantage, non un droit. Mais cette vigueur native, que la mollesse et les vices dépravent, se conserve et s’accroît par l’exercice du travail, la discipline de la sobriété, la continence des mœurs. Il y a donc, entre les puissances du corps et les puissances morales un rapport, et un gouvernement de la matière par l’esprit. La supériorité guerrière d’un peuple n’est pas faite uniquement par la dimension des poings, mais encore par la valeur des armes et de la tactique, laquelle supériorité s’acquiert par l’application et les ressources de la pensée. La force est donc pour une part la récompense d’efforts intellectuels et de vertus morales. À ce titre, elle peut prétendre au prestige, inspirer le respect, et quand son emploi légitime la fait dans le monde protectrice des

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.