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IMPRESSIONS
D’UN
BOURGEOIS DE PARIS
PENDANT LE SIÈGE ET LA COMMUNE

CHARLES AUBERT-HIX

Lorsque mon vieux camarade Paul Bourget me mit en mains un petit portefeuille de figure surannée, qui contenait cinquante lettres de notre ancien maître, M. Charles Aubert, datant du Siège de Paris et de la Commune, et lorsque je les eus lues, il me sembla que ce vivant et sincère témoignage ne devait pas rester inconnu. Ce sont les impressions directes d’un bon Français, plein de bravoure et de simplicité, avec un esprit vif et délié, et un cœur sensible. Elles sont notées au jour le jour, sans façon, sans autre souci que d’informer, au loin, des êtres chers, mais notées par une plume de bon écrivain.

Elles m’ont ému comme elles avaient ému mon ami. Je ne pense pas que personne les lise sans émotion, tant est communicative la chaleur toujours montante de leur vaillante action, la tristesse finale de leur chute, devant les plus horribles désastres. Mais, avec cette émotion, elles apportent un singulier réconfort à ceux qui vivent les longues et lentes heures de la guerre d’aujourd’hui. Nos pères ont su garder leur fermeté d’âme malgré tout, alors qu’après deux mois les forces du f)ays étaient brisées, ses armées captives, ses moyens de défense improvisés ; ils ne la perdirent que dans les convulsions sans cesse renouvelées de la guerre civile.

Nous les admirerons. Nous les plaindrons ; et, dès lors, nous