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LA TRANSFORMATION MILITAIRE
DE
L'ANGLETERRE
1914-1916

Le 23 juillet 1914, l’ultimatum de l’Autriche à la Serbie surprenait l’Angleterre en pleine illusion pacifique. Et, quelques jours plus tard, le canon de Liège ne lui laissait pas le temps de réfléchir davantage et l’entraînait dans le grand drame européen. L’intervention de l’Angleterre aux côtés de la France et de la Russie faisait entrevoir soudain aux dirigeans de la politique allemande la profonde erreur dans laquelle ils étaient tombés en méconnaissant la mentalité anglaise, en même temps que le danger de la lutte qu’ils avaient déchaînée. Il était trop tard pour reculer ; l’orgueilleuse présomption des chefs militaires ne l’eût pas permis. La question de vie et de mort était engagée. Et puis, malgré le risque imprévu, la formidable machine de guerre germanique n’était-elle pas capable de broyer les armées française et russe, insuffisamment préparées, avant que la « misérable petite armée britannique » ait pu apporter sur le champ de bataille une aide sans lendemain !

On s’étonne aujourd’hui, après deux ans de guerre, que l’empereur Guillaume II et ses conseillers se soient mépris à ce point sur les sentimens de la nation anglaise et sur sa force militaire réelle. Tout au plus accordaient-ils à la flotte anglaise une certaine supériorité du moment vis-à-vis de la flotte allemande, et pensaient-ils qu’elle réserverait son rôle à empêcher