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la Bavière, membre d’un Saint Empire catholique dont la cime était à Vienne, échappait à toutes les servitudes intellectuelles, à toutes les servitudes de conscience, qu’impose l’ « évangélique » suzeraineté des Hohenzollern. L’avenir mesurera la force de ces regrets ; l’avenir calculera de quel poids ils devront peser dans les décisions futures.

« Le nouvel Empire, écrivait dernièrement le professeur F. X. Foerster, est né de l’esprit païen, de l’individualisme purement national et égoïste qui a pris possession de l’humanité depuis la Renaissance, qui a trouvé en Bismarck son praticien le plus génial et le plus conséquent, et qui devait fatalement aboutir à une catastrophe, comme tout ce qui dans le monde essaie d’agir ou d’édifier contre l’esprit de la vérité chrétienne[1]. »

La Ligue évangélique, ayant eu connaissance de cette définition de l’Empire, a fait instruire contre le professeur Foerster une sorte de procès en hérésie par l’Université de Munich, et l’a fait condamner. Un Mallinckrodt, dans les années qui suivirent immédiatement l’autre guerre, eût signé ces lignes délinquantes ; un Ketteler les eût commentées. Mais pas un seul instant je n’ai cru que, sur les bancs du Centre actuel, quelqu’un pût se lever pour défendre contre la Ligue évangélique la liberté universitaire et pour partager avec M. le professeur Foerster l’honneur de préciser, au nom de la « vérité chrétienne, » ce qu’est en réalité l’ « Empire évangélique. »


GEORGES GOYAU.

  1. Friedenswarte, juin 1916 (cité dans le Temps, 21 juin 1916).