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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Voilà déjà quinze jours que le Gouvernement de la République française a adressé aux gouvernemens des Puissances neutres sa Note sur la conduite des autorités allemandes à l’égard des populations des départemens français occupés par l’ennemi. Partout cette note a soulevé, dans sa précision froide, un même mouvement d’indignation et de dégoût. Non seulement chez nous, mais bien loin de chez nous, nul homme à qui rien d’humain n’est étranger n’a pu la lire sans que ses yeux s’emplissent de larmes. Mais il n’est pas trop tard pour y penser encore ; de pareils crimes ne se prescrivent point par deux semaines, et nous ne pouvons ni ne voulons nous taire. Le Gouvernement français a protesté officiellement auprès des gouvernemens neutres : la presse quotidienne a saisi de ces faits monstrueux ce qu’on nomme « le grand public ; » et il en a frémi, mais, avec ce frisson même, il a presque épuisé son action. La Revue des Deux Mondes, qui, depuis un siècle bientôt, se fait honneur de représenter pour sa part, devant l’univers civilisé, l’esprit français et la conscience française, ne se résout pas à croire qu’elle ne puisse pas être utilement entendue de ceux-là qui, en tout pays, s’ils ne sont pas le nombre, sont le levain des foules, qui, à tout le moins, en dégagent les sentimens et leur donnent une expression. C’est à eux, en particulier, qu’est dédiée cette histoire qui est de l’histoire, et où ne vont parler que les documens.

A la date du 30 juin 1916, le ministre de la Guerre écrit au président du Conseil, ministre des Affaires étrangères :


Dans les premiers jours d’avril, des affiches avaient offert aux familles sans ouvrage de les installer à la campagne, dans le département du Nord, pour travailler aux champs ou pour abattre des arbres. Devant le peu de succès obtenu par cette tentative, les Allemands résolurent de recourir à la force. A partir du 9 avril, on les voit opérer des rafles, soit dans les