Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE CAMPAGNE COLONIALE

SUR LE CHEMIN DE BAGDAD

Depuis l’insuccès de Ctésiphon et le siège de Kut-el-Amara, la presse britannique s’est montrée sévère pour l’expédition de Mésopotamie. Elle a condamné le système des « petits paquets, » qui consiste à intervenir partout, fût-ce avec des effectifs insuffisans. Toute entreprise qui échoue est par là ême vouée à la critique. La campagne du golfe Persique, purement coloniale au début, a cherché sans en avoir les moyens à devenir une guerre d’intérêt général. La marche sur Bagdad, conséquence de ce projet, est relativement récente, mais les opérations qui la précédèrent sont comparables aux autres conquêtes anglaises en Asie ou en Afrique. Ce point de vue les domine ; la preuve en est qu’elles ont longtemps dépendu du Secrétariat de l’Inde. Les troupes engagées font partie des contingens anglo-hindous et, jusqu’en janvier 1916, les officiers supérieurs appartenaient tous à l’état-major de Delhi. A travers la lutte générale, nos Alliés ne perdent pas de vue leurs affaires d’outre-mer : l’expédition dans le Darfour, celle commencée en Afrique orientale, en sont de nouveaux exemples.

Coloniale dans son origine, la campagne de l’Irak-Arabi l’est aussi dans ses moyens d’action. Le major général Townshend, remontant le Tigre vers Bagdad, n’opérait pas autrement que le regretté lord Kitchener sur le Nil. Toutefois, cette entreprise militaire emprunte à la lutte européenne ses derniers enseignemens : tranchées et fils barbelés couvrent le terrain. Ainsi se