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anglais. « Nos prisonniers turcs, disaient les officiers, se déclaraient, de leur côté, satisfaits de la façon dont nous les traitions. Nous avions pris 1 400 hommes à Ctésiphon, qui furent évacués avant l’investissement complet de Kut. »

La chute de Kul-et-Amara entraînait peu de conséquences réellement importantes pour les deux adversaires. Si l’armée britannique perdait quelques milliers d’héroïques soldats, des chefs appréciés et le contrôle absolu du Chatt-el-Hai, ces avantages réunis ne permirent cependant pas à l’armée turque de reprendre l’initiative des opérations. D’autres événemens, sur un théâtre voisin, allaient attirer vers eux les principaux effectifs de l’adversaire.



LA DIVERSION ALLEMANDE EN PERSE

Mettant tout en cause avec méthode, les Impériaux n’ont rien omis qui pût contrarier leurs adversaires. Ils inaugurèrent une politique de dissensions qui tendait à créer sans cesse de nouveaux obstacles pour éparpiller les forces alliées. La révolte irlandaise, les raids des Senoussis, et même le déclenchement de la Turquie font partie de ce plan. Quand l’Allemagne reconnut la faiblesse des efforts turcs dans le Caucase, elle fomenta, en octobre 1915, une rébellion en Perse, où le pouvoir central est assez instable. Le Shah, d’ailleurs, à la vue des baïonnettes russes, se montra fervent germanophobe. Mais, comme le souverain était incapable de lutter contre l’insurrection, le grand-duc Nicolas envoya 24 000 hommes. Confiés au général Baratoff, ils débarquèrent à Enzeli, sur la Caspienne. »

En peu de temps, Téhéran fut occupé. Après un sérieux combat à Rabatkerim, l’armée Baratoff se scindait en plusieurs colonnes. Une seule nous intéresse ici, et c’est la principale. Elle suivit la grande voie naturelle réunissant Bagdad à la Perse.

Sur cette route, Hamadan est enlevée en novembre ; et, de là, les troupes russes marchaient sur Assadabad et Kengoven. A ce moment, l’Allemagne se rendit compte que les bandes persanes, livrées à elles-mêmes, n’étaient pas assez fortes pour vaincre les moscovites. Aussi, décida-t-elle de leur donner l’appui de contingens réguliers turcs. Pour les envoyer, il fallait