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III. — LA JOURNÉE DU 7

Par le coin que l’ennemi vient d’enfoncer dans nos lignes, nous n’en avons pas moins perdu notre rectitude frontale. Si l’on jette un coup d’œil sur la carte, on s’aperçoit que Mondcment, au matin du 7 septembre, est comme un grand promontoire battu de trois côtés, mais qui, par Reuves et Oyes, conserve encore une assise assez large vers les marais : à droite, l’ennemi le presse par Broussy ; à gauche, par la côte de l’Homme-Blanc, Soisy-aux-Bois, dont nous ne tenons plus que les lisières, le bois de la Branle et le Gul-de-Sac jusqu’à Chapton. Entre Chapton et Charleville, nous occupons nous-mêmes, il est vrai, en saillant, Villeneuve-lès-Charleville et nous y sommes en liaison étroite avec l’armée de Franchet d’Espérey qui, prévenu du danger que l’infiltration de von Bülow fait courir à la 42e division, a donné l’ordre dans la nuit au lOe corps de s’engager à fond vers la droite pour dégager le terrain.

C’était un des élémens de la 42e division, le 151e d’infanterie (colonel Deville) qui, dans la soirée du dimanche, avait occupé Villeneuve. Il devait se porter avant le jour à la Pommerose, au Sud du Petit-Morin, dont il n’avait pas à défendre le passage : le colonel Deville partit à trois heures du matin, mais la Pommerose était déjà aux mains des Allemands, et nos troupes durent se replier sur Villeneuve-lès-Charleville, au Nord de laquelle une batterie du 61e d’artillerie (colonel Boichut) se postait à six heures, sous le couvert du bois Baudin, et ouvrait le feu sur Charleville. Les mortiers ennemis ripostaient de la direction du Thoult et l’obligeaient presque aussitôt à déménager ; installée aux Culots, aux Caillottes et enfin aux Bout-dela-Ville, elle appuyait de ce dernier point un mouvement énergique du 10e corps prononcé à midi et qui nous rendait maîtres, vers six heures, de la Rue-le-Comte et du Recoude, qui sont des « écarts » de Charleville. La forêt du Gault n’était pas encore complètement nettoyée : à sa corne du Clos-le-Roi, particulièrement, le 70e de Vitré faisait de lourdes pertes. Mais dans l’ensemble, le déblayage allait bon train et, sur le millier de prisonniers capturés dans la journée par Franchet d’Espérey, plus des deux tiers revenaient au 10{e}} corps, qui avait « cueilli »