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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/616

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Max Doumic, si simplement héroïque ! Ce bataillon tout entier mérita, le 9 mai 1915 en Artois, une citation spéciale à l’ordre du jour de l’armée, « en donnant dans cette journée un exemple incomparable du plus pur esprit de dévouement et de sacrifice. »

Hernando est d’abord pendant peu de temps à Bayonne avec son régiment. Plein d’un enthousiaste plaisir et d’une complète abnégation, déjà il écrit : « Je serai heureux de me battre pour une aussi belle cause que celle des grandes nations qui incarnent devant l’univers la justice et la loyauté… » À sa mère : « Si Dieu voulait que j’y reste, dites-vous que c’est aussi pour notre bien… ma confiance est très grande… » — et plus loin : « Nous aurons raison des iniquités allemandes. Songez que je puis contribuer à chasser les Barbares de France, à récupérer Anvers comme Miranda, à lier le colosse teuton qui prétendait asservir jusqu’à notre Amérique. »

« …Je suis tranquille, très confiant et plein de fierté d’agir pour une aussi noble cause… Si je ne revenais pas, vous verriez tout de même mon régiment et mon drapeau derrière les clairons du triomphe et rapportant des trophées ennemis. De toute façon, je veux être digne de votre fierté… » Et encore et toujours. « Je suis heureux de prouver mon amour pour la France, mon berceau et ma patrie la plus chère. »

À travers cette noble joie, autour de ses nouveaux devoirs, l’artiste reste intact et à chaque instant reparait : « L’archevêque nous a très noblement exhortés aujourd’hui au devoir militaire en quelques paroles senties et d’un tact admirable. C’était au cours d’une messe militaire où les soldats tchèques et polonais ont chanté leurs hymnes et leurs cantiques. Cela me rappelait les Russes et je croyais vivre quelque épisode de Boris Godounow… »

Et encore ces belles lignes :

« Leur catholicisme profond tranche un peu avec mes habitudes, mais je le respecte entièrement et m’y conforme en essence, attendu que rien ne peut nous préparer aujourd’hui mieux que lui à l’entrevision de l’au-delà, et qu’un soldat résolu doit partir avec le sacrifice de sa vie accepté. J’ai promis à toutes les femmes de ma famille d’être d’accord avec la religion et ainsi ferai-je. Le culte de Notre-Dame, de sainte Geneviève, de saint Louis, de Jeanne d’Arc, ne fait que continuer, il me semble, celui des Grecs inoubliables : saint Michel rappelle Persée… »