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meilleurs, un personnel plus nombreux et le repos moral que donne l’éloignement du bruit du canon et de l’explosion des obus.

Aux postes de secours, sur le champ de bataille même, ou dans les abris des tranchées avancées, en même temps au péril et à l’honneur, sont les « médecins auxiliaires, » jeunes étudians ayant déjà quelque expérience et, parmi eux, beaucoup d’internes de nos hôpitaux, élite du corps médical. Ils entrent dans la vie par la porte sanglante et magnifique de la Grande Guerre. Beaucoup sont morts au champ d’honneur, mais ils ont vécu plus que nous ! Leur vie a été plus grande que la nôtre, que celle au moins de ceux d’entre nous qui étions trop jeunes lors de la guerre des vaincus et qui sommes trop vieux aujourd’hui pour nous jeter dans la mêlée d’où nous sortirons victorieux.

Aux premières lignes aussi, aux ambulances toutes proches, marchant avec les régimens quand ils marchent, ou terrés avec eux sur le front immobile, sont les médecins directement attachés aux bataillons, aux régimens. Découvrons-nous devant eux ! Avec les auxiliaires ce sont, dans cette guerre immense, les héros du corps médical. Ce sont, pour la plupart, d’humbles médecins de campagne, que la mobilisation a d’un seul coup élevés à la hauteur des plus grands devoirs. Et ce sont eux, ces médecins de campagne, qui bien souvent se montrent les plus dignes des fonctions redoutables qui leur sont confiées. Le médecin de campagne est toujours en guerre, avec les élémens, avec la fatigue, avec les surprises et les difficultés du métier. Loin de tout, loin des conseils de ses maîtres, loin des hôpitaux organisés et spécialisés, il doit tout faire et tout bien faire ; il doit connaître la médecine, et l’obstétrique, et la chirurgie ; il doit soigner les vieillards, les enfans et les femmes, improviser des appareils en cas d’accident grave, et se contenter le plus souvent des moyens de fortune que le hasard met dans sa main ! Le bon médecin de campagne est un être admirable, exceptionnel, et que la rude pratique d’une vie laborieuse forme aux surprises et aux difficultés de la chirurgie de guerre, mieux que les titres, les galons et les parchemins !...


L’ambulance est la grande étape où le blessé, transporté du poste de secours, après un premier examen, un premier pansement,