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citations à l’ordre du jour : « Officier plein d’allant. » Voilà justement, et tout de suite, l’allure du morceau. « Quel aimable caractère ! » dira du gentil sous-lieutenant la non moins gentille fermière. On le dirait tout aussi bien de cette musique même. Aux braves gens qui l’écoutent, elle ne vient pas parler de tueries et de massacres. La guerre qu’elle leur raconte est pour les amuser plus que pour les émouvoir. On en revient, on en « réchappe » toujours, de cette guerre-là. Pas question de blessures, encore moins de mort. Sans doute,


Il court dans les champs de Bellone
En riant exposer ses jours,


mais aussitôt :


Écoutez ces chants de victoire :
De la gaîté c’est le signal.
Amis, buvons à notre gloire,
Buvons à notre général.


Au mot : victoire, un modeste tutti prête son éclat innocent, et le toast au général est souligné par cette indication touchante : « doux, avec âme, » en signe d’affectueux, de presque tendre respect.

Cependant le refrain vient et revient sans cesse : « Ah ! quel plaisir ! Ah ! quel plaisir d’être soldat ! » Oui, plaisir encore une fois, dix fois, et pas autre chose. La musique, ainsi que les paroles, n’en dit, n’en veut pas dire plus. Et cela en 1825, dix ans, pas davantage, après la fin de l’épopée. De quelle épopée ! Et quelle fin !

Les épisodes continuent de se succéder. Pas un ne manque au tableau. C’est « la Guerre et la Paix, » comme dans Tolstoï. Paix achetée à bon compte, et dont une musique plus que jamais aimable, paisible déjà sans doute, mais encore militaire, décrit les honorables suites :


Quand la paix, prix de son courage,
Le ramène dans son village,
Pour lui quel spectacle nouveau !
C’est un père, un ami, qui le presse et l’embrasse,
Chacun se dit : « C’est lui ! C’est l’honneur du hameau ! »
Le vieillard même, quand il passe,
Porte la main à son chapeau.


Une autre musique sans doute (et sur une autre poésie) figurera