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les deux écailles seraient séparées par le cours de la Moselle. L’écaille Est, c’est le Grand-Couronné ; l’écaille Ouest, c’est la forêt de Haye.

Ne nous occupons que de la partie Est.

L’écaille a ses rugosités et ses excroissances : elles sont formées par les hauteurs qui couronnent la rive droite de la Moselle et qui constituent l’espèce de petite Suisse séparant le bassin de la Moselle du bassin de la Seille. La Seille se jette dans la Moselle à Metz. Si on voulait suivre l’image, il faudrait dire que l’écaille étend sa pointe jusqu’à Jouy-aux-Arches, aux portes de Metz.

En réalité, il n’en est pas tout à fait ainsi. Car une première pointe achève la région nancéenne au signal de Xon, en avant de Mousson, lieu consacré aux divinités anciennes, terme que la nature a placé entre la Lorraine de Nancy et la Lorraine de Metz. Au pied du signal de Xon, c’est le pont de Mousson ; plus près de Nancy, c’est la roche féodale de Mousson, et, en avant encore, une plaine couverte de forêts, la forêt de Facq. Puis le terrain se relève brusquement et, en contre-pente, dominant la vallée, l’éperon de Sainte-Geneviève est le premier talus du Grand-Couronné. Cet éperon, la colline de Sainte-Geneviève, est consacré à la sainte qui a protégé les Gaules contre l’invasion des barbares ; un monument y est élevé en l’honneur de la vierge de Paris et rappelle la victoire de Jovin, général de l’empereur Valentinien sur les Alamans en 366. Toujours les mêmes combats et toujours les mêmes adversaires !

Le paysage est de toute grandeur. En face, le rocher de Mousson ; dans le lointain, le signal de Xon ; au pied de la colline, à gauche, la Moselle niellant le sol brun de ses boucles d’acier. Sur l’autre rive, Pont-à-Mousson, et, au-delà, encore à l’Ouest, esquissées dans la brume, les pentes du Bois-le-Prêtre qui rattachent la région à celle de la Woëvre : c’est une magnifique tapisserie, mais avec le coloris tendre et bleuté d’une miniature de missel. Sur la ligne d’horizon, une ville tapie dans une atmosphère plus aérienne et plus bleutée encore : c’est Metz. On discerne les coupoles, les clochers, les cheminées, la mer confuse des toits ; il semble qu’il n’y ait qu’à tendre la main !… Entre Metz et Nancy, les forêts, montant et descendant aux pentes des coteaux, forment un rideau mouvant et perfide voilant de son ombre la région qui réunit les deux villes. Au Sud