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de la colline Sainte-Geneviève, le Grand-Couronné développe sa figure bosselée et rugueuse : ce ne sont que hauteurs et vallons, pentes et contre-pentes, sommets qui se commandent les uns les autres, ravins ridant la plaine ou s’enfonçant au creux des bois. Du Nord au Sud, voici le mont Toulon (375 mètres), le mont Saint-Jean (407 mètres), les Moivrons à 411 mètres, le Grand Mont d’Amance à 410 et, quand on a franchi la coupure que fait la Pissotlt se glissant de Champenoux vers Dommartin, Lay et Nancy, le lieutenant au-dessus de Varangéville et Dombasle. S’appuyant sur le Sanon et le canal de la Marne au Rhin, il fait un des d’âne dominant la plaine au Sud vers Luné-ville, comme Sainte-Geneviève le domine au Nord vers Metz.

Partout, sous nos yeux, c’est un tapis vert à peine coupé par le damier de quelques champs arables. On ne dira jamais le rôle que les forêts ont joué pour la défense des chemins de Lorraine. Elles se sont dressées en quelque sorte contre l’ennemi. Partout, les routes ont des bois comme flancs-gardes. A défaut d’autre préparation, les forêts furent des remparts. Forêt de Gremecey, forêt de Champenoux, forêt de Vitrimont, bois de Faulx, et tant d’autres, complètent et allongent jusque dans la plaine les contreforts du Grand-Couronné. Les forêts ont, à leur tour, leurs ouvrages avancés : ce sont « ces ceintures d’arbrisseaux revêches qu’on appelle, dans le pays, des fourasses. Les bois de Facq, du Chapitre, de Faulx : et, en plaine, la forêt de Champenoux et ses annexes, sont les masses les plus importantes. Le plateau de Malzéville, lieu fameux des fastes militaires locaux, n’est qu’un sol aride et chauve, ceinturé, sur tous ses côtés, d’une bande étroite de sapins qui le cache à toutes vues du dehors[1]. »

On peut s’imaginer ce que va devenir, entre les mains d’un chef avisé et résolu comme le général de Castelnau, une place forte ainsi composée par la nature, aménagée et achevée par la volonté et le travail des hommes, couvée depuis de longues années par les presciences locales et les prévisions sagaces des chefs les plus expérimentés. Le Grand-Couronné, c’est le nid du 20e corps. Il s’y retrouve sur son terrain. Presque tous les généraux qui servent dans la 2e armée ont commandé là.

L’avantage que les Allemands avaient trouvé à Morhange,

  1. De Pouvourville, Jusqu’au Rhin.