pas faire la différence de leur conduite avec la mienne. Mais, mon cher Eugène, je ne veux pas t’affliger en te parlant de ceux dont j’ai à me plaindre. J’aime mieux profiter de cette occasion pour t’embrasser et te dire combien je suis touchée de tes sentimens pour ta mère.
« JOSEPHINE.
« J’ai remis à l’Empereur la lettre de la grand’mère d’Auguste[1]. L’Empereur me charge de te dire qu’il a fait rendre de suite un décret pour faire rendre à la princesse George d’Auerstadt ses possessions situées dans le grand-duché de Berg. »
Le 22 septembre, l’Empereur est donc parti pour Erfurt où il doit retrouver l’empereur de Russie. Il y arrive le 27 et il y séjourne jusqu’au 14 octobre ; il rentre à Saint-Cloud le 18 et part le 29 pour l’Espagne. Le 4 décembre, il est devant Madrid, qui capitule le 5.
La vie continue, et comme à l’ordinaire les pétitions affluent. Eugène accompagne de cette lettre, d’un ton si différent de celui qu’il donne d’ordinaire à sa correspondance, une pétition de la présidente du Conservatoire de Saint-Guillaume à Ferrare.
« Madame et bonne mère[2],
« J’ai l’honneur de présenter à Votre Majesté une pétition par laquelle la présidente du Conservatoire de Saint-Guillaume à Ferrare sollicite, pour l’hospice qu’elle administre, votre protection particulière et la permission de lui donner Votre Nom.
- ↑ Maximilien Ier, roi de Bavière le 26 décembre 1805 par la grâce de Napoléon, avait épousé en premières noces, le 30 septembre 1785, Auguste, fille de Georges-Guillaume de Hesse-Darmstadt, laquelle mourut le 30 mars 1796 après lui avoir donné deux fils : Louis (plus tard Louis Ier), Charles, et trois filles : Auguste, qui épousa Eugène-Napoléon, Amélie qui mourut en bas âge et Charlotte-Auguste qui épousa d’abord le prince de Wurtemberg, puis François Ier, empereur d’Autriche. Auguste de Hesse était fille de Georges-Guillaume, cadet de la ligne de Hesse-Darmstadt et de Louise- (Marie-Louise-Albertine), fille de Christian-Charles-Reinhard de Leiningen-Heidesheim, héritière de la seigneurie de Broich, dans le grand-duché de Berg. Elle vivait en 1807 à Neustrélitz, près de deux de ses filles mariées à des ducs de Mecklembourg. Le grand-duc de Berg avait confisqué simplement ses biens que Napoléon lui fit rendre. Il convient de rappeler que de Varsovie, le 4 janvier 1807, l’Empereur avait écrit au maréchal Mortier : « Mon cousin, je désire que vous ménagiez les États de Mecklembourg-Strelitz. Il y a là une grand’mère de la princesse Eugène. C’est une vieille femme, voyez si elle a besoin de quelque chose et faites-lui connaître que vous avez ordre d’avoir des égards particuliers pour elle. » Voyez lettre de même date à la princesse Auguste.
- ↑ Coll. part.