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« Je me borne à dire à Votre Majesté que l’hospice confié aux soins de Mme Calcaguini est administré avec autant d’ordre que d’honnêteté et qu’il est, par conséquent, bien digne d’obtenir quelque témoignage de cette protection généreuse que l’Auguste Heine d’Italie ne refuse jamais à aucun établissement de bienfaisance.

« J’ai l’honneur d’être, de Votre Majesté, Madame et bonne mère, le très respectueux et très tendre sujet et fils,

« EUGENE-NAPOLEON.- »


Milan, ce 15 novembre 1808.


Joséphine répond plus simplement :

Paris, le 7 décembre (1808 ? )

« J’ai reçu, mon cher Eugène, ta lettre bien officielle et celle de la présidente du Conservatoire de Saint-Guillaume, à Ferrare. Je suis sensible au désir qu’elle témoigne de donner mon nom à cet hospice ; je désirerais lui accorder sa demande, mais je ne le puis sans l’autorisation de l’Empereur. Je lui en parlerai et je compte qu’il ne me refusera pas son agrément. Il me tarde bien d’apprendre l’heureuse délivrance de ma chère Auguste ; quoique je sois sûre que tout ira bien, il me serait doux d’être auprès d’elle et de partager tes soins. J’attends de ses nouvelles avec impatience. J’en reçois souvent de l’Empereur, il se porte très bien et j’espère qu’il sera bientôt de retour. Adieu, mon cher fils, je t’embrasse tendrement ainsi que ma petite-fille.

« JOSEPHINE. »


Joséphine, qui s’était établie à l’Elysée le 30 octobre durant qu’on rénovait son appartement, est rentrée le 12 décembre au palais des Tuileries. Elle écrit le lendemain à son fils.


Paris, le 13 décembre (1808).

« Je t’aime toujours bien tendrement, mon cher Eugène, et si je ne t’écris pas autant que je le voudrais, c’est que je n’en ai pas souvent l’occasion, mais quand il s’en présente une sûre, j’en profite comme aujourd’hui. C’est le général Pully[1]qui le remettra ma lettre. J’ai été charmée de l’arrivée de Méjan. Il m’a semblé que de voir quelqu’un qui t’approche de si près, c’était

  1. Charles-Joseph Randon de Pully, volontaire en 1768, lieutenant-colonel en 1789, général de division en 1793, mort en 1832.