Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 36.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cuivre !… Après quoi, — comme dans les Mille et une Nuits, — on « se mettait à causer ! » Si-Ismaïl était un causeur éblouissant. Avec cela un gentilhomme ! Avait-on l’air d’en douter ? Il courait vous chercher ses parchemins de famille, qu’il extrayait d’une petite armoire mauresque, délicieusement enluminée de roses et d’œillets…, Avait-on besoin d’un guide pour parcourir les quartiers de la Casbah ? Il s’offrait en personne. Voulait-on y louer une vieille maison à patio ? Il en connaissait justement une et des plus avantageuses. Était-on en quête d’un serviteur indigène ? Il avait votre affaire. Pourquoi vous excuser, remercier ? N’était-on pas « bonz’âmis ? » Et quand on s’en allait, il vous glissait négligemment une bagatelle ridicule ou quelconque, que l’on payait sans oser discuter.


Le Maroc fourmille de « bonz’âmis » comme celui-là. Si nous voulons conquérir leur clientèle, il importe au plus haut point de détourner vers nous leur amitié et de savoir la cultiver.

Cette prise de contact, de plus en plus intime, de nos vendeurs et de nos acheteurs, voilà ce que la foire de Fez semble conseiller et, dans une certaine mesure, favoriser. Mais elle trahit encore une autre intention qui est du plus grand prix : celle de mettre enfin en valeur, avec méthode et persévérance, les richesses de notre sol, aussi bien celui de la pairie que celui des pays conquis ou protégés par nous. Il paraît que le Maroc offre des ressources agricoles et industrielles, sans pareilles dans tout le reste de l’Afrique du Nord. On suppute déjà le rendement de ses gisemens miniers, et on prédit que, bien arrosé par des fleuves facilement canalisables, il peut devenir une seconde Égypte. Les nécessités de la guerre nous obligent à augmenter nos moyens de ravitaillement comme à accroître de toutes les façons la fortune réelle du pays. Les somnolences et les routines commencent à se secouer. En France même, des hommes actifs, des esprits avisés s’efforcent de découvrir ou signalent avec insistance des sources de richesse négligées jusqu’ici.

Un correspondant anonyme m’écrit, à ce propos, une lettre pleine de détails des plus précis. On me permettra d’en citer les lignes suivantes, sans rien préjuger de la véracité de leurs allégations, mais uniquement comme indice de ce que j’appelais