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ministre des Finances a été autorisé à aliéner en 1916, au mieux des intérêts du Trésor, des rentes 5 pour 100 et à les inscrire au Grand Livre de la Dette publique. Les intérêts sont payables quatre fois par an, les 16 février, mai, août et novembre. Le capital n’est pas remboursable par l’Etat avant 1931, en sorte que les rentes de l’emprunt 1916 sont identiques à celles de la création de 1915 et sont cotées sous la même rubrique. Le prix d’émission a été fixé à 88,75 ; mais les souscripteurs qui ont versé immédiatement la totalité du prix ont reçu par avance le montant du coupon du 16 novembre, de sorte que, pour eux, le prix effectif a été de 87 francs 50. Les obligations et les Bons de la Défense nationale, ainsi que les rentes 3 et demi de 1914, ont été admises comme monnaie de souscription aux mêmes conditions que pour l’emprunt de 1915. Mais, cette fois, les porteurs de rente 3 pour 100 n’ont pas été autorisés à les utiliser comme monnaie de souscription.

L’emprunt de 1916 n’a pas eu un moindre succès que celui de 1915. Plus de 3 millions de souscripteurs ont demandé un capital de 11 milliards et demi, soit près de 600 millions de rente, c’est-à-dire une moyenne d’environ 185 francs par tête. Ainsi que l’a fait observer M. Ribot dans la séance de la Chambre des députés du 9 novembre, il a été apporté au Trésor autant de ressources nouvelles que lors de la première opération. La majeure partie des rentes ont été libérées, c’est-à-dire qu’un petit nombre de souscripteurs seulement ont usé de la faculté d’échelonner leurs versemens en quatre termes jusqu’au mois d’avril 1917. Le paiement a été fait à raison de 55 pour 100 en numéraire, dont 160 millions en or, 35 pour 100 en bons, 10 pour 100 en obligations 5 pour 100 de la Défense nationale, et, pour une fraction insignifiante, en rente 3 et demi pour 100 de 1914, dont la presque totalité est aujourd’hui convertie.

Le caractère commun des deux grands emprunts français est remarquable. Ils ont constitué au plus haut degré des opérations nationales, auxquelles le peuple tout entier s’est associé. Nulle part, déjà avant la guerre, le placement en fonds publics n’était entré aussi profondément dans les habitudes du public ; nulle part, il n’existe une communauté d’intérêts plus étroite entre l’État débiteur et le citoyen créancier. En souscrivant les rentes, nos compatriotes se font en quelque sorte confiance à eux-mêmes. Maîtres d’administrer les finances par leur bulletin de