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VISITES AU FRONT
JUIN 1916

II[1]
DE L’ARGONNE Á REIMS

Les jours suivans, nous avons vu les autres secteurs de la forêt, chacun commandé par un brigadier faisant office de divisionnaire. L’auto nous conduisait jusqu’à quelque village, — Florent, Clain ou Les Islettes, — au fond d’une de ces vallées qui séparent les arêtes diverses de l’Argonne. Nous retrouvions partout l’épouvantable boue qui semble ne jamais sécher, l’eau des plaines ne s’évaporant guère sous l’épaisse fouillée et délayant sans pouvoir y filtrer, la glaise. On pataugeait jusqu’au premier poste où, du fond d’un souterrain, des soldats nous tendaient des casques, et l’on prenait avec joie le boyau de communication, le boueux fossé où le pied trouve enfin, sous l’eau jaune, l’appui du rondinage.

Le général D…, commandant le secteur, nous faisait l’honneur de nous conduire, avec quelques officiers de son état-major, et puis, à chaque poste où nous passions, le chef de ce quartier ou l’un de ses lieutenans. Nous finissions par être une petite troupe ; on cheminait par groupes, en causant, et, sous les dehors uniformes, c’était toujours une surprise, — les officiers

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1916.