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À 6 h. 40, après la préparation d’artillerie, le 1er bataillon du 1er régiment (Ct Geynet) sortirait de ses tranchées, appuyé par la compagnie cycliste et deux sections de mitrailleuses qui occuperaient pendant la nuit leurs emplacemens de départ : deux compagnies de marins déboucheraient par la passerelle Nord ; une compagnie de marins et la compagnie cycliste par le pont de Steenstraete ; une compagnie de marins par la passerelle Sud. Les troupes de la défense du front soutiendraient l’attaque par leur feu. Le 3e bataillon du 2e régiment prendrait position en soutien éventuel à l’abri des vues, derrière le Kemmelbeke. Quelle que fût la tournure des événemens, la ligne de l’Yser devait rester inviolable. L’amiral, tant que durerait l’attaque, se tiendrait en permanence au poste de commandement de la défense.


III. — L’ATTAQUE DU 17

Un des officiers qui prirent part à l’attaque et qui s’y distingua, l’enseigne de vaisseau Boissat-Mazerat, jeune homme d’une bravoure froide et sans illusions, écrivait le 14 à ses parens : « Nous allons prendre l’offensive dans notre petit coin. L’artillerie prépare. C’est un joli concert. Les marmites allemandes nous passent sur la tête en bruissant, comme tout un vol de canards, mais il y en a peu. En somme, nous avancerons peut-être de 4 ou 500 mètres. C’est tout à fait exciting. »

Le même officier se montrera plus équitable dans une lettre postérieure du 18, en disant : « Notre offensive avait pour but de faire diversion pendant qu’une autre offensive se produisait plus au Sud : elle s’est fort bien passée et nous avons pris quelques tranchées et mitrailleuses, en plus de la diversion qu’on nous demandait. »

C’est de ce point de vue qu’il faut juger l’attaque du 17 pour en apprécier le mérite et les résultats. Boissat ne se trompe que sur le caractère de l’offensive prise par nos troupes, qui n’était point une offensive partielle. En même temps qu’au Sud, nous attaquions dans la région de Nieuport, d’où le grondement du canon parvenait jusqu’à nous, et il importait autant d’empêcher l’ennemi d’opérer des prélèvemens de troupes pour les envoyer sur Lombaertzide et Saint-Georges que pour les diriger sur Ypres et Arras.