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classes populaires, par le moyen du prêt au Trésor de sommes même minimes, les facilités d’épargne dont elles étaient jusqu’alors quelque peu privées. Ses succursales, les comités provinciaux (au nombre de 470 en septembre 1916), ont pris en main la propagande locale, et s’efforcent de susciter la constitution d’un très grand nombre d’ « associations pour l’épargne de guerre, » lesquelles s’organisent autant que possible au sein de groupemens déjà existans, trade unions, coopératives, mutualités, écoles et collèges, usines et administrations, et qui reçoivent les petites épargnes et servent d’intermédiaires pour la délivrance des war savings certificates ou certificats de prêt au Trésor de 15 shillings et demi, remboursables à 20 shillings dans cinq ans et exempts d’income tax, titres par conséquent des plus avantageux. Chaque comité de propagande organise sa propagande à sa guise : meetings au début, puis influence personnelle, visites de maison à maison, intervention auprès des corps ou groupemens existans, etc. Cette organisation à caractère semi-officiel vient ainsi compléter localement la croisade indépendante des United Workers, s’appliquant à agir sur/la masse, par un appel au patriotisme plus encore qu’à l’intérêt, comme celle-ci avait agi sur l’opinion plus éclairée.

Voici à peu près ce que, de part et d’autre, on s’efforce de faire comprendre au pays :

« La guerre actuelle est, autant qu’une lutte militaire, une lutte d’endurance économique, dont l’issue ne dépend pas moins des sacrifices du civil à l’intérieur que de ceux du soldat au front. Il s’agit de durer encore quand l’ennemi sera à bout, il s’agit de « tenir » économiquement plus longtemps que lui : nous ne « tiendrons » que par l’économie, par une économie rigide, de chaque jour et eh chaque chose.

— Durer ? Mais l’Angleterre n’est-elle pas la nation du monde la plus riche ? A quoi bon nos petites économies particulières, quand le Trésor trouve aisément par l’impôt et l’emprunt tout l’argent qu’il lui faut ?

— L’argent, il importe que le Trésor en soit pourvu, pour payer les produits et services avec quoi se fait la guerre. Mais ces produits et services, l’Etat ne se les procurera que s’ils sont là, disponibles. En créant du crédit, il n’a pas le pouvoir de créer de la richesse, et tous les emprunts n’augmentent jamais que la masse des moyens de paiement dans le pays, — et le