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Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/87

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LA JEUNESSE
DE
MADAME DE LA POUPLINIÈRE[1]

I
UNE LIGNÉE DE COMÉDIENS SOUS LA MONARCHIE

Si jamais l’âme et la nature d’une femme s’expliquèrent par son ascendance, ce fut le cas de celle dont j’entreprends de raconter l’histoire. Ses qualités comme ses défauts, les bizarreries et les contradictions que l’on note dans son caractère, les dons comme les lacunes qu’on remarque dans son esprit, les antipathies violentes qu’elle a parfois soulevées, le charme étrange que, plus souvent, elle a exercé autour d’elle, tout cela semble être légué par ceux qui la précédèrent dans la vie et dont le sang a coulé dans ses veines. Rarement un mélange plus complexe a constitué les élémens dont se compose une personnalité humaine. On le reconnaîtra, si l’on veut, avec moi, remonter un moment jusqu’au XVIIe siècle et jeter un coup d’œil sur le petit monde singulier qui s’agitait alors dans cette zone imprécise qui sépare la bonne compagnie de la bohème et du monde interlope.

  1. Notre éminent et si regretté collaborateur, le marquis de Ségur, destinait à la Revue une étude qu’il avait intitulée : Une amoureuse du temps passé, Madame de la Pouplinière. La mort ne lui a pas laissé le temps de la terminer ; mais il en avait écrit, du moins, les trois premiers chapitres, où il retrace la jeunesse de son héroïne. Nous sommes heureux de pouvoir publier ces pages savantes et brillantes, si bien dignes du talent et de la renommée de leur auteur.