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semaine à prix convenu. Sauf un léger supplément de jambons et de lard, la quantité importée demeura la même, mais elle coûta 600 millions de francs plus cher et, suivant un phénomène observé en tous pays, tandis que les qualités inférieures doublaient de prix, les morceaux de choix haussaient seulement de moitié.

Est-ce parce que l’Anglais mange moins de pain que le Français ? Toujours est-il que le gouvernement britannique n’est pas intervenu dans le commerce des céréales, abandonné à l’initiative privée. Au printemps, l’Argentine, par suite de pluies persistantes, subit un retard de deux mois dans l’expédition de sa récolte ; les inquiétudes de Londres et de Liver-pool eurent leur contre-coup à New-York et à Chicago, qui attirèrent le froment du Canada avec l’espoir de le revendre avec bénéiice, tandis que, de leur côté, les fermiers anglais cachaient leurs réserves. L’Etat, pour paralyser la hausse, activa les envois de l’Inde par l’octroi d’une prime aux navires qui arriveraient les premiers ; la spéculation fut ainsi entravée et le blé ramené aux environs de 34 francs les 100 kilos.

De ce côté-ci du détroit ce cours ne nous parait plus excessif à l’heure actuelle ; mais le pain était avant la guerre meilleur marché en Angleterre que chez nous, tandis qu’il vaut maintenant à Londres 47 centimes le kilo et de 45 à 52 centimes dans les autres grandes villes. Les journaux d’outre-Manche se plaignirent qu’il en fût fait dans les camps un grand gâchage, lorsque déjà, disaient-ils, la hausse de 0 fr. 10 centimes par kilo constituait à elle seule une dépense de 88 millions de francs pour une armée de 3 400 000 hommes. L’Angleterre en 1915 a importé 45 millions de quintaux de blé qu’elle a payé 1 430 millions de francs ; en 1914, avec 315 millions de moins, elle s’était procuré 7 millions de quintaux de plus. La hausse du fret n’était pas étrangère à cette plus-value du grain, puisque, de l’Amérique du Nord, il était monté de 11 à 88 francs la tonne ; de Port-Said de 9 à 87 francs, et d’Argentine de 16 à 175 francs.

Les trois Commissions ministérielles, chargées pour l’Angleterre, l’Ecosse et le Pays de Galles d’examiner les mesures susceptibles d’accroître la production, avaient suggéré de garantir au cultivateur un prix minimum de 19 fr. 30 l’hectolitre pendant quatre ans, ce qui aurait pour effet, pensait-on, de