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naissances, s’est finalement réduite de 9 millions de sujets. On pourrait en recevoir de Mongolie, où l’élevage est l’industrie principale, n’était la difficulté du transport.

C’était déjà un côté faible de l’Empire en temps de paix ; des usines voisines d’Odessa avaient parfois économie de temps à expédier par mer à Pétrograd en faisant le tour de l’Europe, plutôt qu’à employer, du Sud au Nord de l’Empire, les voies ferrées sujettes à des encombremens chroniques. Que la Sibérie manque de routes et que leur absence soit le plus sérieux obstacle au développement des mines d’or, dont la production est si nécessaire au crédit russe, c’est de quoi nul ne s’étonnera : la conférence spéciale, tenue sous la présidence du ministre du Commerce, a établi que les marchandises ne pouvaient être véhiculées jusqu’aux mines sibériennes que durant quelques mois d’été, qu’elles devaient être prêtes en certains cas une année d’avance et que le port coûtait entre 1 500 et 2 000 francs la tonne. Mais, en Russie d’Europe, là où les chemins de fer existent, c’étaient les wagons qui faisaient défaut. Au moment de la récolte ils manquaient toujours.

La crise des communications, accrue depuis la guerre par les transports militaires, a ramené la Russie, durant quelques mois d’acuité, à l’époque antérieure aux chemins de fer où les prix variaient du simple au triple d’une localité à l’autre, parce que la répartition des choses était impossible. Est-ce parce que les salines sont dans le voisinage de la mer Caspienne que le sel coûte maintenant le double d’il y a deux ans ? Le ministre des Communications a été changé, un plan de transports a été établi pour les dix-sept gouvernemens du Nord et, ce qui vaut mieux, l’on a commandé par milliers en Amérique des wagons de toute sorte dont la livraison suit lentement son cours. La guerre les léguera à la paix comme ce chemin de fer de 1 100 kilomètres, entrepris pour 170 millions de francs entre Pétrograd et Kola, le port en eau libre de l’océan Glacial.

La guerre provoque aussi le développement des houillères du Sud ; mais le bassin du Donetz ne saurait combler de suite le déficit des charbons de la Pologne envahie ni de l’étranger qui importait 9 millions de tonnes. Leur absence engendre la hausse du naphte de Bakou, avec lequel marche la navigation fluviale, et la hausse du bois qui a doublé à Pétrograd quoiqu’il ne s’exporte plus. Nous introduisions en France, avant la