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l’extermination du venizélisme et, de concert avec quelques députés gounaristes, arrêtait le plan d’organisation de bandes armées, destinées à terroriser les habitans des régions de Grévéna, d’Anaselitsa et de Lapsitsa, en Macédoine occidentale, et à entraver le plus possible le mouvement national. Des réunions spéciales étaient même tenues, à cet effet, dans les bureaux de l’Etat-major, entre le lieutenant-colonel Exadactylos et le député de Grévéna, Boussios.

En même temps, des chefs de bandes et des émissaires de l’Etat-major, affiliés à la propagande allemande, étaient dépêchés dans différentes localités de la Grèce centrale, de la Thessalie et du Péloponèse, pour y organiser des bandes armées et pour y susciter des mouvemens réactionnaires. Parmi ces « condottieri, » on peut citer les fameux chefs de bandes, Vardas et Doukas, le sergent Coutras, du service spécial de la sûreté du Roi, un nommé Anagnostopoulos, et plusieurs autres. Enfin, les ligues de réservistes, organisées par l’attaché militaire allemand major Fallkenhausen, et dont l’Entente avait depuis longtemps demandé la dissolution, réapparaissaient à l’horizon politique.

La méfiance des Alliés se réveilla. Elle fut stimulée par les révélations auxquelles se livra la presse, vénizéliste d’Athènes, qui, documens en main, montra dans quelles conditions scandaleuses s’étaient effectuées la reddition du fort de Ruppel et de Cavalla, la capitulation du corps d’armée grec commandé par le colonel Hadjopoulos, et la livraison entre les mains des Germano-Bulgares de tout le matériel de guerre grec qui se trouvait en Macédoine orientale. Les journaux venizélistes donnèrent également la preuve que les royalistes grecs ravitaillaient les sous-marins allemands, fournissaient des vivres aux armées ennemies de l’Entente, espionnaient couramment au profit de ces dernières et faisaient transporter par des automobiles de l’armée grecque les officiers allemands et bulgares qui, aux fins d’espionnage, voulaient se rendre en Thessalie et en Epire.

Des mesures de précaution furent prises alors par l’amiral Dartige du Fournet, commandant en chef de la flotte française de la Méditerranée, qui, soucieux d’assurer le maintien de l’ordre dans la capitale, fit notamment débarquer et placer dans le bâtiment de Zappion (employé ordinairement pour des expositions et autres fêtes analogues) une section de fusiliers