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nouvel engagement qu’il n’avait exécuté ses engagemens antérieurs. Il ne donna pas tout de suite l’ordre de cesser le feu, prétextant qu’il devait au préalable avoir la promesse de l’amiral du Fournet que la flotte française ferait de même. Aussi, pendant que le ministre de France accompagné d’un aide de camp du Roi se dirigeait vers le Zappion et pénétrait dans l’enceinte du bâtiment, les troupes grecques faisaient-elles de plus en plus étroitement le siège de ce bâtiment où l’amiral et trois cents hommes étaient virtuellement cernés. M. Guillemin affronta le danger évident auquel il exposait sa vie, avec un courage auquel nous sommes heureux de pouvoir rendre un hommage tout aussi chaleureux que celui que nous lui adressons, en tant que Grec, pour la haute clairvoyance avec laquelle il traita depuis l’été 1915 l’affaire hellénique. Il pénétra au Zappion vers sept heures, c’est-à-dire au moment où, constatant la poursuite des hostilités par les Grecs, la flotte française reprenait le bombardement. Cette fois, un seul contre-torpilleur fit feu et, de Keratsini où stationnait le gros de la flotte, le cuirassé Mirabeau lança, lui aussi, de son côté, dans la direction du Musée et du Stadium, quatre coups de canon (de 305 mm.). Il est certain que ce sont encore des obus de rupture qui furent lancés. Ils n’explosèrent toujours pas.

« Un accord, rapporte encore M. Guillemin, intervint promptement entre l’amiral et l’aide de camp du Roi. Les détache-mens alliés placés autour de la ville se replieraient sur le Pirée pendant la nuit. Celui qui se trouvait dans le Zappion y resterait jusqu’à la solution définitive de la question des six batteries. » Mais les atermoiemens de la Grèce royale continuaient. Il fallait à présent obtenir la ratification de cet accord par le premier ministre, M. Lambros. Celui-ci se déroba jusque tard dans la nuit à l’entretien que les ministres de France, d’Angleterre et de Russie devaient nécessairement avoir avec lui. Cet entretien eut enfin lieu à la légation britannique et, contre la promesse de la livraison des six batteries, qui ne fut du reste jamais exécutée, l’amiral Dartige du Fournet put quitter le Zappion le 2 décembre dans la matinée. Quant au détachement qui avait partagé sa captivité passagère, il rejoignit la flotte, le 2 décembre à midi, escorté par des troupes du Roi.

Quel fut le bilan de cette affaire ?

De part et d’autre, il y eut des prisonniers qui furent