Le chemin descend plus loin vers la droite le long d’un mur de jardin sur lequel débordent des feuilles de vignes et de figuiers, et où de l’herbe et des fleurs jaunes croissent entre les pierres. Là-bas, au loin, dans la même direction, on" entrevoit le quartier de Sienne qui s’appelle le « Pays de l’Oie » (Contrada dell’ Oca), avec ses vieux toits décolorés, ses volets verts dans des façades rose pâle, avec les greniers ouverts des teinturiers et des tanneurs où de grandes peaux jaunes et brunes sont suspendues pour sécher. Au fond de la vallée se trouvent le puits de Fontebranda et le lavoir public d’où résonnent des cris, des rires et des coups de battoir ; le linge est étendu dans l’herbe pour sécher. En face, s’élève la verdoyante colline de Camporeggi, sur laquelle est campée l’église San Domenico, grande et nue avec ses fenêtres ogivales percées dans le mur plat du chœur et sa vertigineuse tour d’où surgissait au XIVe siècle une flèche élancée.
Catherine s’arrêta ici comme je m’y arrête aujourd’hui et ce qu’elle vit alors, l’inscription et la fresque en témoignent. La vieille légende raconte : « Ayant levé les yeux, elle aperçut de l’autre côté de la vallée, au-dessus du chevet de l’église des Frères Prêcheurs, un trône magnifique disposé avec une pompe royale ; et sur ce trône, Jésus-Christ le Rédempteur du monde, couronné de la tiare et revêtu des ornemens pontificaux. Auprès de lui se trouvaient les princes des apôtres Pierre et Paul, et saint Jean l’Evangéliste. » À cette vue Catherine s’arrêta, frappée d’étonnement, et contempla son Sauveur, qui se manifestait si miraculeusement à elle pour lui prouver son amour. Alors il abaissa son regard sur elle, lui sourit amoureusement, étendit sa main droite et traça le signe de la croix comme fait l’évêque quand il donne sa bénédiction. Et si puissante fut cette bénédiction de l’Eternel que, ravie hors d’elle-même, l’enfant qui par nature était timide resta là sur la voie publique, les yeux levés vers le ciel, au milieu du va-et-vient des hommes et des animaux. Cependant son frère continuait sa route, convaincu qu’elle le suivait, lorsque tout à coup il s’aperçut qu’elle n’était plus à ses côtés et, se retournant, il vit sa sœur très loin en arrière, immobile, regardant le ciel.
Il l’appela tout d’abord, mais comme elle semblait n’y prêter aucune attention, il revint sur ses pas, appelant toujours, puis, voyant que cela ne servait à rien (or qui a entendu les