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Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/14

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enfans italiens crier de toute la force de leurs poumons, comprendra en vérité que l’esprit de Catherine était ailleurs ! ) il la saisit par le bras et lui demanda : « Que fais-tu ici, pourquoi ne viens-tu pas ? »

Alors Catherine sembla s’éveiller d’un profond sommeil, elle baissa les yeux un instant et répondit : « Ah, si tu voyais ce que je vois, tu ne me troublerais pas ainsi. » Puis de nouveau elle regarda en l’air, mais la vision avait disparu, et la petite fille se mit à pleurer amèrement et à se reprocher de s’être laissé distraire.

Les deux enfans reprirent ensemble le chemin du retour, plus silencieux encore qu’auparavant, avons-nous le droit de supposer.

Par la via Fontebranda un char venait lentement vers eux, attelé de quatre grands bœufs blancs qui barraient presque la rue de leurs cornes menaçantes… Près de la fontaine où l’eau bouillonne constamment dans la profonde vasque, des femmes allaient et venaient sous la voûte sombre des arbres et remplissaient leurs cruches de cuivre. Un parfum de genièvre et de pommes de pin brûlées émanait des cuisines où les chaudrons étaient suspendus sur le feu pour le repas du soir. Des enfans jouaient avec de petits chats sur le seuil des portes ; tout était comme à l’ordinaire, comme c’est encore le soir en été dans ces rues, mais pour Catherine tout avait changé d’aspect, — le Très-Haut l’avait couverte de son ombre, l’Eternel avait parlé à son cœur d’enfant ; elle avait vu le ciel ouvert et le Fils de l’Homme assis sur le trône de sa gloire, et il avait étendu la main et l’avait bénie solennellement de trois grands signes de croix comme l’évêque dans la cathédrale…


Catherine Benincasa naquit le 25 mars 1347, près de Fontebranda, dans la maison du teinturier Giacomo Benincasa et de sa femme Lapa di Puccio dei Pagienti. Le 25 mars, on célèbre l’Annonciation de la Sainte Vierge et de plus la fête des Rameaux tombait cette année-là le même jour.

Dans la cathédrale de Sienne, l’évêque bénissait les branches d’olivier que le prêtre portait ensuite, de l’autel, aux paroissiens ; et le peuple, debout, gardait à la main les rameaux gris