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Athènes) deux domestiques. Elle rentra juste à temps pour voir le peu de biens qui lui restaient vendu aux enchères[1]. »

Quant aux étrangers habitant la province, ils furent encore plus malmenés. Il y en eut même de massacrés, comme cela eut lieu a Méline, localité située à 20 kilomètres de Volo, où se trouvait une équipe française appartenant au contrôle des P. T. T., et composée du sergent Chaudrier, du sapeur Martin et de l’interprète grec. Les deux Français et l’interprète furent massacrés par des soldats grecs. La commission de police de Méline dressa pour le consulat de France de Volo l’acte de massacre en présence du consul, M. Jullien, et de quatre témoins.

A Tricala, l’officier de réserve Lapierre, le gérant du consulat, un officier mécanicien du Suffren, M. Brumel, chargé du contrôle des chemins de fer et M. Charley, directeur des P.T.T. furent arrêtés, emprisonnés à la Préfecture et conduits sous escorte à Volo, sur un ordre du ministère. Le chauffeur français, Blanc, fut retenu également. A Larissa, les soldats de l’armée royale saccagèrent et pillèrent le consulat de France et enlevèrent quinze effets militaires confiés à la garde du gérant, capitaine Rolland, qui parvint à atteindre Salonique[2]. Le Français M. Proust, entrepreneur à Larissa, a manqué à l’appel. A Volo, le local du contrôle anglais fut saccagé et les meubles jetés à la mer. Le personnel français du contrôle des chemins de fer fut chassé et tout le matériel de guerre expédié à l’intérieur par les soldats qui se distribuèrent les fusils. Les énergumènes, aux cris de : « A bas la France ! Vive l’Allemagne ! » étaient conduits par M. Pandos, député gounariste, et par le directeur du journal royaliste Kiryx.


IV

Tel est le récit authentique de ce qui s’est passé à Athènes pendant les premiers jours du mois de décembre. Nous n’avons

  1. Voyez le Daily Express du 15 janvier dernier.
  2. La courageuse attitude du capitaine Rolland dans ces circonstances tragiques fut reconnue par cette belle citation à l’ordre du jour de l’année : « Capitaine Rolland, de l’artillerie : a rempli avec succès des missions importantes et périlleuses. A apporté à leur accomplissement un entrain et une clairvoyance remarquables. Retenu en pays hostile, n’a dû son salut qu’à un grand sang-froid et est parvenu, malgré les plus grands risques, à sauver ses archives et à rapporter des renseignemens importans. »