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au 20 juin 191 ! 5, ils arrivaient à la hauteur de Lemberg. Plus au Nord, en Pologne, leur front établi suivant une corde Nord-Sud dans l’arc de la Vistule, et formant ce qu’on appelle le front des Quatre Rivières, n’avait pas encore bougé. Au Sud de Lemberg, la ligne descendait droit au Dniester, dont les Russes défendaient le passage. Elle se recourbait donc pour suivre ce fleuve et l’interdire ; puis elle passait sur la rive droite et atteignait la frontière roumaine. Dans toute cette zone d’aile gauche, les Russes faisaient, en juin 1916, des offensives de diversion contre l’armée Pflanzer-Baltin.

Qu’était cette armée Pllanzer constituant l’aile droite de tout le dispositif austro-allemand, et comment était-elle venue là ?

A la fin de 1914, au moment où, en Prusse et en Pologne, les opérations cristallisaient et se changeaient en guerre de tranchées, les Russes avaient repris l’offensive par leur gauche, dans les Carpathes orientales. Ils avaient conquis le col d’Uszok le 1er janvier 1915. Plus à l’Est, près de la frontière roumaine, ils avaient à la même époque conquis la Bukowine, et ils menaçaient la Hongrie. Pour les arrêter, l’Autriche et l’Allemagne, ayant unifié le haut commandement, firent un effort considérable. Une armée allemande, dite armée allemande du Sud, sous les ordres du général Linsingen, fut portée dans la région d’Uszok. Une armée autrichienne, sous les ordres du général von Pflanzer-Baltin, fut établie à sa droite, sur la frontière de Bukowine. L’armée Linsingen lutta tout l’hiver dans les Carpathes ; l’armée Pflanzer réussit à ramener les Russes par sa gauche jusqu’au Dniester, par sa droite jusqu’au-delà de Czernowitz, à la frontière de Bessarabie. C’est là que nous la retrouvons, l’été suivant, au moment de la retraite russe. Elle était d’ailleurs constituée très légèrement. Sur un front de plus de 100 kilomètres, depuis l’embouchure de la Zlota Lipa jusqu’à la frontière roumaine, elle ne comprenait qu’une dizaine de divisions d’infanterie, assez disparates. La seule grande unité qui s’y trouvât complètement constituée était le IIIe corps, le corps de Gratz (6e, 22e, 28e divisions). Ajoutez-y une division du Ier corps (18e), une division et demie du XIIIe (42e division et 72e brigade), une brigade du VIe et quelques autres élémens, avec une puissante masse de cavalerie, cinq divisions formant près de 20 000 sabres (3e, 5e, 6e, Se, 10e divisions). A son extrême droite, le long de la frontière roumaine, un groupe particulier,