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d’argent, tandis que les voix claires des enfans de chœur entonnaient le joyeux Hosannah : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. » C’était le salut de l’église à la plus illustre fille-de Sienne, à l’épouse la plus aimante du Christ…

Catherine était la vingt-troisième enfant de ses parens. Elle vint au monde en même temps qu’une petite sœur jumelle, Giovanna, qui d’ailleurs mourut peu après. Monna Lapa nourrit elle-même Catherine, ce qu’elle n’avait jamais eu le temps de faire pour les autres en raison de ses fréquentes conceptions : « Catherine apporta ainsi une fin prochaine aux enfantemens de sa mère, » dit la légende.

Quelques-uns seulement de ses nombreux enfans vécurent. Les plus connus sont : Benincasa, l’ainé, — Bartolommeo, marié à Lisa, la cousine germaine de Giovanni Colombini, — Niccola, mariée à Palmieri di Nesse délia Fonte, frère du dominicain Tommaso délia Fonte, qui par la suite eut une si grande influence sur Catherine, — Maddalena, mariée à Bartolo di Vannino, — Bonaventura, mariée à Niccolo di Giovanni Tegliacci, — Lisa, morte non mariée durant la peste de 1374, — enfin Stefano.

Par le mariage de Bartolommeo, les Benincasa s’étaient alliés à l’une des familles les plus pieuses de Sienne, celle de Giovanni Colombini, mort en 1367, et dont la nièce Catarina vécut jusqu’en 1388.

Agnès, sœur de Giacomo, qui avait épousé Chele di Duccio, entra dans le Tiers Ordre dominicain (les « Mantellate ») après la mort de son mari et mourut en odeur de sainteté. Le père de Lapa, Nuccio di Pagiente, était matelassier et faisait des vers à ses momens de loisir ; c’était un homme pieux, désireux de se procurer par ses aumônes une part des mérites, des prières et des bonnes œuvres de tout l’Ordre dominicain.

Plusieurs influences religieuses se faisaient ainsi sentir de divers côtés, et c’était généralement, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, à celle des Frères Prêcheurs que l’on se ralliait. Il ne semble pas que les Frères gris des deux grands ordres mendians que le XIIIe siècle avait légués au XIVe, aient joué un rôle important à Sienne. Leur église était située en dehors de la ville et ce ne fut qu’au XVe siècle que saint Bernardin, l’éloquent prédicateur de missions, réussit à y attirer les foules. L’église San Domenico, au contraire, dominait Fontebranda,