Nous attendons toujours ; un peu surpris, quoiqu’il n’y en ait aucune raison, d’avoir vu revenir et passer, sans un événement qui marque, cette date du 21 février, où, l’an dernier, Verdun fut attaqué avec une fureur sauvage, et dont notre patriotisme, aussi justement lier que profondément ému, a fait tout de suite une des grandes dates de notre histoire, une sorte de date fatidique. Les premiers jours de la bataille de Verdun, comme c’est déjà loin de nous, et comme c’en est encore tout près ! Comme cette impression s’est incorporée à notre être et a continué de vivre dans le souvenir de la nation ! Comme la France a bien senti que, sauvée sur la Marne, raffermie sur l’Yser, elle s’était, à Verdun, relevée et redressée! La Marne l’avait rendue à elle-même, Verdun l’a restituée au monde, à sa vraie place et sous sa vraie figure. Aussi nous semblait-il qu’il ne pouvait pas y avoir, tant que dure la guerre, un nouveau 21 février qui ne fût chargé pour nous d’angoisses et d’espérances, qui naquît dans le calme relatif des matins et mourût dans l’indifférence ordinaire des soirs. Il a fallu que nous nous représentions fortement l’inclémence exceptionnelle, si rigoureuse dans les tranchées, de la fin de janvier et du commencement de février 1917, pour comprendre qu’au retour des sanglantes et glorieuses journées, il ne se soit, cette année, rien produit; il faut aussi que nous nous disions que rien ne saurait se produire dans une telle guerre qui n’ait été longuement, patiemment, minutieusement préparé. Nous épions donc tous les signes. On avait cru noter, il y a quelques semaines, une plus grande activité de détachemens en Alsace, sur le canal du Rhône au Rhin, et, des deux côtés, allemand et français, des mouvemens de troupes dans la région. Si le fait même était exact, il n’a point jusqu’ici paru porter de conséquences. La seule entreprise de quelque importance a été celle de l’armée britannique en Picardie, sur l’Ancre. On voit