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aussi la trêve qu’impose partout le nature. Tandis qu’Hindenburg et son chef d’élut-major Ludendorff se déplacent beaucoup, et qu’on fait beaucoup voyager Falkenhayn, au moins en imagination, Mackensen reste immobilisé au bord du Sereth. On aurait pourtant signalé l’apparition sur le front de Macédoine d’un contingent allemand auquel auraient eu affaire les Italiens, et d’un contingent autrichien qui se serait heurté, désagréablement pour lui, à nos propres troupes. Mais qu’est-ce au juste que ce contingent, et qu’y a-t-il derrière ? Y a-t-il même quelque chose derrière ? N’est-ce pas tout simplement un feu qu’on allume sur les monts Bélès, dans le dessein qu’il soit aperçu d’Athènes et qu’il y soit pris pour un incendie ? Car les guetteurs, à Athènes, sont sur la tour. Nous savons de quelle main délicate nous sommes obligés, si nous voulons y toucher, d’effleurer ce sujet, et nous allons l’expédier rapidement. Pourtant, il nous sera peut-être permis de dire, puisqu’une démarche diplomatique l’a constaté, que le transport des troupes grecques et de leur matériel dans le Péloponèse, qui devait être terminé le 4 février, ne l’était pas le 20 ; ce qui a valu à M. Lambros les visites séparées, d’abord de sir F. Elliott pour l’Angleterre, puis de M. Guillemin pour la France, ensuite du prince Demidoff et du comte Bosdari pour la Russie et pour l’Italie : quatre instances au lieu d’une, et le résultat fera voir si c’était le meilleur procédé. Quoi qu’il en doive être, chacun dans sa langue et dans son style, les ministres de l’Entente n’ont probablement pas manqué de demander à l’homme d’État archéologue de quelle époque exactement sont les canons ou certains des canons qui ont été remis : il est toujours bon de s’instruire. Ils lui auront demandé, en outre, où sont les fusils dont le passage par l’isthme de Corinthe n’a pas été contrôlé, et pour cause; comment il se fait que l’evzone grec s’est trouvé soudain transformé en milicien suisse, ayant son armement, son équipement, son fourniment à domicile ; par quel, miracle, au rebours de ce qui est généralement admis, que l’armée se recrute dans le civil, c’est la population civile, en Grèce, qui tout à coup s’est recrutée dans le militaire ; pourquoi, les régimens ayant fondu, il n’en est demeuré que les dépôts, que l’état-major des Dousmanis et des Metaxas voulait soigneusement maintenir; et pourquoi, enfin, il a poussé en un clin d’œil tant de gendarmes en Thessalie et en Épire. Assurément, Edmond About n’eût pas été embarrassé de fournir la réponse à cette dernière question, et elle eût été consolante : s’il y a plus de gendarmes, c’est pour qu’il y ait, ou, peut-être, parce qu’il y a moins de brigands. Mais les diplomates, qui ne sont pas des romanciers, se rappellent