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Le Bureau maritime des États-Unis pense que le Japon a dû accroître sa flotte en 1916 de 250 000 tonnes, soit trois fois le chiffre atteint par ses chantiers navals en 1915. En définitive, si l’on résume les efforts des trois plus importantes nations qui s’occupent de constructions navales, on arrive à ce résultat que cette année les États-Unis lanceront 1 500 000 tonnes ; les Anglais 1 000 000 tonnes ; le Japon 500 000 tonnes ; soit au total 3 millions de tonnes, ce qui suffirait à compenser en partie les pertes de navires prévues pour cette année, si la proportion des destructions demeure la même que pendant les derniers mois qui viennent de s’écouler. La presse anglaise évalue en effet les pertes totales (alliées ou neutres) subies du 1er décembre 1916 au 18 février 1917 à 726 151 tonnes, soit une moyenne de 9077 par jour et de 3 313 105 par an. Malheureusement la proportion des navires coulés tend à croître sensiblement, passant de 223 322 tonnes en décembre à 304 596 pour les dix-huit premiers jours de février.

L’Italie est certainement la nation alliée dont la condition maritime s’éloigne le moins de la nôtre : elle possédait, au 2 août 1914, 1875 navires jaugeant 1 767 916 tonneaux, ce qui la rapprochait sensiblement du tonnage français et la classait la quatrième, après le Japon, dans le rang des marines alliées.

Dès son entrée en guerre, la marine marchande italienne s’est trouvée insuffisante, de même que la nôtre, pour répondre aux besoins du pays, besoins économiques ou besoins militaires. Comme, d’autre part, l’Angleterre ne pouvait pas consacrer autant de navires qu’il eût fallu à transporter du charbon dans la Péninsule, et qu’en tout cas le fret sur navire anglais était extrêmement élevé, il en est résulté une hausse formidable du prix du charbon, prix qui a atteint, en 1916, environ 230 à 240 francs la tonne. D’où renchérissement général de la vie, crise, doléances unanimes, etc.

Le gouvernement italien a cherché à résoudre le problème par une entente avec le gouvernement anglais sur le transport du combustible et le taux du fret. Mais, en même temps, des économistes, des hommes d’affaires, des publicistes dénonçaient la cause profonde du mal qui vient de ce que l’Italie est tributaire, à cet égard, non seulement de son alliée l’Angleterre, mais encore des neutres, et provoquaient un mouvement en faveur du développement de la marine marchande.